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Appel aux autorités de la sous-région en vue de l’adoption des standards de qualité de carburant
Publié le jeudi 1 decembre 2016  |  LCT


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Mécontentement des consommateurs de carburant dans les stations-services
Lomé, le 05 avril 2016. Queues interminables dans les stations-services de la capitale togolaise à cause d`une pénurie constatée depuis le week-end écoulé.


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Lomé, Accra, Bamako, Abuja, Cotonou, Dakar, Abidjan, le 28 Novembre 2016



A

Son Excellence Monsieur le Premier Ministre du Togo,

Son Excellence Monsieur de l’Environnement et de la Protection des Ressources Forestières du Togo,

Son Excellence Monsieur le Ministre des Mines et de l’Energie du Togo,

Lomé-Togo



Object : UN APPEL AUX GOUVERNEMENTS DES PAYS D’AFRIQUE DE L’OUEST POUR ADOPTER DES STANDARDS DE QUALITE DU CARBURANT A FAIBLE TENEUR EN SOUFRE.

Monsieur le Premier Ministre,

Nous, soussignées organisations non-gouvernementales (ONG) du Nigéria, du Mali, du Ghana, du Togo, du Bénin, du Sénégal et de Côte d’Ivoire, appelons de nos vœux les gouvernements des pays susmentionnés à adopter des standards de qualité du carburant à faible teneur en soufre, valable pour les importations et les raffineries. La prochaine réunion sous régionale du Programme des Nations Unies pour l’Environnement à Abuja le 1er décembre est une opportunité unique pour faire avancer le dossier sur la question.

Notre démarche fait suite à la publication du rapport d’enquête Dirty Diesel de Public Eye, une ONG suisse, en collaboration avec plusieurs organisations de la société civile en Afrique de l’Ouest. Ce rapport révèle comment des sociétés suisses de négoce de matières premières profitent des faibles standards de qualité sur les carburants en Afrique pour produire, approvisionner et vendre du diesel et de l’essence nocifs pour la santé des populations.


Leur modèle d’affaires consiste à péjorer délibérément la qualité des carburants afin d’augmenter leurs profits. Selon Public Eye, les négociants suisses mélangent, à travers une technique courante appelée « blending on spec », divers produits pétroliers intermédiaires bon marché, mais toxiques, à d’autres substances pétrochimiques afin de créer ce que l’industrie appelle «la qualité africaine». Ces carburants présentent une teneur élevée en soufre ainsi que d’autres substances toxiques, comme du benzène et des composés aromatiques. Plus positivement, le « blending on spec » implique que si les standards de qualité dans les pays africains devaient être renforcés, alors les négociants/l’industrie seraient forcés de se conformer aux nouvelles règles en améliorant la qualité du carburant. La solution pour changer radicalement et rapidement la qualité des carburants importés dans la région est à portée de main.

Plusieurs études ont démontré les effets bénéfiques d’un carburant à très faible teneur en soufre sur l’environnement, la santé et les véhicules. Les habitants de Lagos ou de Dakar, par exemple, respirent déjà un air plus pollué que ceux de Pékin. Un rapport récent publié par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a aussi mit en évidence que 4 des 20 villes avec la plus mauvaise qualité de l’air ont été recensées au Nigéria. Onitsha, une ville de 350'000 habitants dans l’Etat de l’Anambra, a été classé comme la ville la plus polluée du monde.


En outre, un rapport de l’UNICEF publié en octobre 2016 a révélé que la pollution atmosphérique entraine la mort prématurée de 600'000 enfants de moins de cinq ans chaque année – et menace la vie de millions d’autres chaque jour. Le Directeur de l’UNICEF, Anthony Lake a dit : « Les polluants [atmosphériques]ne sont pas uniquement nocifs pour la formation pulmonaire des enfants – mais peuvent également traverser la barrière hémato-encéphalique et endommager de façon permanente leur cerveau – et donc leur futur. Aucune société ne peut se permettre d’ignorer la pollution atmosphérique. »

Selon Public Eye, la croissance de la population urbaine ainsi que l’augmentation du nombre de véhicules, principalement d’occasion, expliquent seulement en partie l’augmentation de la pollution atmosphérique dans les villes africaines. Le principal facteur est la teneur en soufre très élevée des carburants autorisés en Afrique.


L’Afrique de l’Ouest est particulièrement touchée, car les standards en vigueur dans cette région autorisent les taux de soufre les plus élevés au monde. Selon une étude publiée en 2009 par la Banque Mondiale et l’Association des Raffineurs Africains, une baisse de la teneur en soufre du diesel à 50 ppm et de l’essence à 150 ppm permettrait aux gouvernements d’Afrique subsaharienne d’épargner un milliard de dollars par année. Selon le PNUE et l’International Council on Clean Transportation (ICCT), baisser la teneur en soufre des carburants à 10 ppm réduirait en outre immédiatement de 50 % les émissions de particules fines, et les gouvernements africains pourrait prévenir 25 000 décès prématurés en 2030, et près de 100 000 en 2050. Couplée à l’introduction progressive de voitures disposant des dernières technologies de contrôle des émissions, ces mesures pourraient réduire ces émissions de 99%.

Une variété d’acteurs a récemment annoncé son soutien à l’introduction de carburants à faible teneur en soufre, comme l’industrie automobile au Ghana ou l’industrie pétrolière au Nigéria. Le 1er novembre 2016, l’autorité de régulation du secteur pétrolier du Ghana (« National Petroleum Authority of Ghana ») a annoncé la révision du standard sur la teneur en soufre du diesel à 50 ppm, à compter de mars 2017.

Enfin, dans le cadre de la COP22 de Marrakech, 36 pays-membres de la coalition internationale d’Etat pour le climat et l’air pur (CCAC), dont les représentants du Nigéria, du Mali, de Côte d’Ivoire, du Bénin et du Togo, ont exprimé leur volonté en signant le Communiqué de Marrakech le 15 novembre 2016 à réduire la teneur en soufre des carburants : «la Stratégie mondiale pour l’introduction de carburants à faible teneur en soufre et de véhicules diesel plus propres développée par la CCAC, et nous encourageons les partenaires de la CCAC et les autres parties prenantes concernées à mettre en œuvre ses recommandations, notamment via l’adoption, le respect et l’application de normes internationales sur la qualité des carburants diesel et les émissions de gaz d’échappement pour les véhicules diesel utilitaires légers et lourds circulant sur nos marchés. »

En autorisant la vente de ces carburants nocifs en Afrique, les gouvernements africains participent à l’augmentation de la pollution atmosphérique et à ses conséquences néfastes pour la santé.

Nous demandons aux gouvernements africains, représentés par leurs Ministres de l’environnement, des Ressources Pétrolières et de l’Energie, de considérer dans le cadre de la prochaine réunion régionale (et Sénégal), de :

Définir des standards de qualité sur les carburants reconnus au niveau international à 10 ppm de soufre pour le diesel et l’essence. Ces standards doivent immédiatement entrer en vigueur dans les différents pays ;
Où des craintes s’articulent sur la capacité des raffineries nationales à se conformer à des standards de qualité plus stricts, nous encourageons les gouvernements à suivre l’exemple du Ghana en introduisant un standard strict pour les importations et un moratoire permettant aux raffineries de disposer du temps nécessaire jusqu’à 2020 pour effectuer les investissements nécessaires ;
Introduire des standards de qualité sur les carburants qui limitent de plus la teneur d’autres substances nocives dans l’essence et le diesel (comme le benzène, les composés aromatiques, le manganèse, etc.) ;
Rendre publique les informations sur la teneur en soufre des carburants importés et vendus, et pour les Etats qui régulent le marché des carburants, les informations sur le prix d’achat, sur les marchés internationaux, du diesel et de l’essence importé dans le pays.


Nous sommes convaincus que si les gouvernements d’Afrique de l’Ouest s’engagent dans ce sens, ils contribueront à préserver la santé de leurs populations, à accroitre l’espérance de vie des véhicules et à faire des économies substantielles.

Signé:

Rév. David Ugolor, Directeur Exécutif, Africa Network for Environment and Economic Justice (ANEEJ), Nigéria

Mohammed Amin Adam, Directeur Exécutif, Africa Centre for Energy Policy (ACEP), Ghana

Aminata Touré Barry, Présidente, Association Malienne pour la Sauvegarde du Bien-être Familial (AMASBIF), Mali

Oumar B. Samaké, Directeur intérim, Association Malienne d’Éveil au Développement Durable (AMEDD), Mali

Emmanuel Sogadji H Yao, Président de la Ligue des Consommateurs du Togo (LCT), Togo

Michel Yoboue, Directeur Exécutif, Groupe de Recherche et de Plaidoyer sur les Industries Extractives (GRPIE), Côte d’Ivoire

Maitre Assane Dioma Ndiaye, Président de la Ligue Sénégalaise des Droits Humains (LSDH), Sénégal

Clément Kotan, Directeur Général, Unité de protection de l’environnement (UPE), Bénin



Pour les Organisations signataires,

Le Président de la Ligue des Consommateurs du Togo,

Emmanuel SOGADJI H. Yao

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