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Afrique francophone: Libre opinion/La multiplication des partis politiques est-elle la solution?
Publié le vendredi 2 decembre 2016  |  Telegramme 228


© aLome.com par Parfait
Géante caravane du CAP 2015 et son candidat FABRE dans la préfecture du Golfe et à Lomé
Lomé, le 23 avril 2015. Imposant show électoral de Jean-Pierre FABRE et ses proches collaborateurs sur les principales rues de la préfecture du Golfe, avec comme point de chute le STADE OMNISPORTS de Lomé.


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La question est de savoir si le remède au mal togolais se trouve dans la multiplication des partis politiques. En commençant ainsi, beaucoup, sans doute, vont se demander qui je suis pour prétendre leur donner des leçons de politique. Je leur répondrai comme Rousseau l’a fait : «On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et que c’est pour cela que j’écris sur la politique.



Si j’étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu’il faut faire ; je le ferais, ou je me tairais » (Rousseau, Du contrat social). Eh bien, je ne suis ni prince ni législateur. Si j’étais prince ou législateur, je ferais ce qu’il y a à faire ou je me tairais. Je ne suis qu’un simple lecteur des philosophes politiques. Et c’est pour cela que je dis encore ce qu’il faut faire pour que le Togo arrive à ce qu’il a passé tant d’années à chercher, pour que son rêve soit enfin une réalité. Je le dis pour que les politiques togolais cessent de jouer la mouche du coche, de chercher la solution là où il n’y en a pas.


La solution au mal social togolais n’est pas et ne sera pas dans la multiplication des partis politiques. Beaucoup de Togolais diront avec moi que c’est une fausse route, une fausse solution. Procéder de cette façon, c’est de se tromper de cible comme cela est dans l’habitude des politiques togolais. Passer à côte de la cible ou l’ignorer à dessein en concentrant leur attention sur des futilités est ce qui les caractérise. De 1990 à 2016, cela fait aujourd’hui 26 ans que les opposants togolais lâchent toujours la proie pour l’ombre. Créer des partis politiques tous azimuts, c’est, à mon avis,disperser les forces qui deviennent, par conséquent, inutiles et de nul effet. C’est du temps perdu pour rien et la lutte est aussi perdue d’avance, lorsqu’on éclate tout le temps en élections négatifs.



On ne se lève pas pour créer un parti politique sur un coup de tête et comme par enchantement. C’est un projet de longue haleine, qu’on doit mûrir des années durant avant de commencer à le réaliser brique par brique, pierre par pierre. Il faut un programme suffisamment étoffé, qui tient grand compte des intérêts du peuple, des aspirations du peuple, de sa volonté. Il faut alors faire du porte en porte, et ce, sur l’étendue du territoire, pour recueillir les préoccupations du peuple et construire son programme en conséquence.


Et après, il faut dire haut et fort ce que le peuple veut entendre dire. Au Togo, parmi ceux qui créent les partis politiques, il y en a qui ne connaissent même pas Sokodé, Kara, Mango, Dapaong. Ils tourniquent entre Lomé et leur village sans programme, sans rien à promettre au peuple. Pourquoi alors disperser les énergies au lieu de les unir pour former une force redoutable et créer une vraie synergie ?« Un parti est nécessaire pour mener une stratégie, mais aussi, dans bien des cas, pour provoquer et maintenir parmi ses membres la conscience des intérêts et des idéaux qui les ressemblent » (Joseph Pestieau, L’espoir incertain. Essai sur la politique).


Savez-vous pourquoi Thomas Mulcair, qui était donné au départ favori, avait perdu les élections en 2015 au Canada ? Savez-vous pourquoi Hilary Clinton, qui était donnée favorite au départ, avait dernièrement perdu les élections aux USA ? Savez-vous enfin pourquoi Alain Jupé, qui était donné gagnant à la primaire de la droite française, n’avait pas gagné ? Eh bien, ils n’ont pas gagné parce qu’ils n’ont pas dit ce que leurs peuples aimeraient entendre dire. « Je casserai la baraque pour la reconstruire ; je reviendrai sur la loi qui permet le mariage pour tous ; je me rapprocherai de Poutine et travaillerai avec lui » était ce que les Français aimeraient entendre dire.


«Je vais déporter tous les clandestins, les Mexicains qui sont des trafiquants de drogues et des violeurs ; je construirai un mur qui séparera nettement notre pays du Mexique ; les musulmans ne seront plus bienvenus chez nous » était ce que les Américains voudraient entendre dire. Pour faire de la politique, il faut être proche du peuple, être son porte-parole. Et ce n’est pas en étant divisé, en se tirant des balles dans les pieds tout le temps qu’on y arrivera. Lorsqu’on est divisé, le peuple est aussi divisé en petits morceaux, et ne sait pas trop à quel saint se vouer. Ainsi on ne peut absolument rien gagner en étant divisé en de nombreux petits partis politiques. Il y a de trop de clivages au Togo, trop d’agitations, de guerres intestines entre les opposants, et qui empêchent l’éclosion de la vraie démocratie.

Les hommes politiques doivent écouter le peuple en même temps qu’ils doivent être son guide, son éclaireur de pointe. Ils doivent lui montrer l’importance du bien commun par rapport aux intérêts particuliers, lui dire ce qui sera bien pour lui : « La volonté générale est toujours droite, mais le jugement qui la guide n’est pas toujours éclairée. Il faut lui faire voir les objets tels qu’ils sont, quelquefois tels qu’ils doivent lui paraître, lui montrer le chemin qu’elle cherche, la garantir de la séduction des volontés particulières, rapprocher à ses yeux les lieux et les temps, balancer l’attrait des avantages présents et sensibles, par le danger des maux éloignés et cachés »(Rousseau, Du contrat social). Le rôle du politique au Togo est de dessiller les yeux aux Togolais, leur dire que ceux qui sont au pouvoir sont des corrompus. Au moment des élections, ils vont aller leur distribuer des sacs de riz, des vélos et bien d’autres choses.


Eh bien, qu’ils prennent tout ce que ces Machiavels leur donnent, mais qu’ils ne votent pas pour eux. S’ils perdent un membre de leur famille, ces Machiavels vont courir aller leur donner des sacs de riz et un peu d’argent. Eh bien, qu’ils acceptent, mais qu’ils ne votent pas pour eux, parce que ce sont là des attraits du présent qui cachent « le danger des maux éloignés ». Les dangers cachés, c’est qu’ils seront les éternels assistés, des esclaves. Leurs enfants ne pourront pas aller à l’école, alors les leurs sont dans les pays occidentaux et étudient à grands frais. Il vaut mieux construire des hôpitaux, des infrastructures, des écoles, réformer l’éducation, développer et booster l’économie, rendre la vie facile au peuple par une politique économique bien idoine que d’être libéral. Les programmes des partis politiques doivent avoir ces points comme colonne vertébrale.
On peut certes comprendre l’exaspération des jeunes, profondément déçus par leurs chefs de parti.


Le refus systématique de ces derniers de les écouter est en soi quelque chose de blessant et d’humiliant. Ainsi on peut comprendre Jean-Pierre Fabre et la création de son « Alliance Nationale pour le Changement (ANC) ». On peut comprendre l’exaspération de Djimon Oré qui a créé le «Front des Patriotes pour la Démocratie (FPD) », de Nicodème Habia qui a aussi créé « Les Démocrates ». Hier, ils étaient, tous au tant qu’ils sont, d’acharnés défenseurs du géronte de l’Union des Forces de Changement (UFC), qui a regagné le RPT/UNIR avec ses cliques et ses claques. Aujourd’hui ils sont divisés. Ils n’ont plus la même vision des choses. Ce qui est tout à fait normal. C’est ça la politique, ce sale jeu. Les relations se font et se défont selon les intérêts. On peut aussi comprendre l’exaspération de Fulbert Attisso.


Celui-là qui a fait des pieds et des mains pour l’union complète des forces d’opposition, mais qui n’a jamais été écouté. Pire, il est même méprisé et détesté. On se fiche royalement de lui. Qui est-il pour demander l’union de l’opposition ? Exaspéré, il va à Kpémé, autour d’une vingtaine de personnes, créer, on dirait d’un coup de baguette magique, son « Togo Autrement ».Aujourd’hui, c’est le tour de Dodji Apévon de créer le parti des Forces Démocratiques pour la République (FDR). Ce sont là des actes de désespérés. Pardon de le dire ainsi. Et cela fait au bas mot une centaine de partis politiques pour notre petit pays. N’est-ce pas trop ? Mais oui, c’est trop, et personne ne peut en disconvenir. N’est-ce pas de l’énergie dispersée, donc inefficace et infructueuse ?



Mais oui. Au Togo, il y a déjà des partis d’opposition bien ancrés, plus ou moins crédibles, et au sein desquels on peut toujours aller continuer la lutte pour l’avènement d’une vraie démocratie, fondre toutes ces forces, ces fougues pour mieux faire.

Je consens qu’on puisse toujours se brouiller avec son chef de parti. Je consens qu’on ne s’entende plus avec son chef sur certains points, mais je ne vois pas là une raison suffisante d’aller créer son parti, qui ne sera que l’ombre de lui, une coquille vide, avec lequel on va tournicoter dans les rues de Lomé.

Ce n’est pas ainsi que les choses se font dans les grandes et vraies démocraties. On quitte un parti pour aller dans un autre, pour travailler avec un autre. Cela arrive fréquemment dans les grandes démocraties. Donald J. Trump était d’abord un « démocrate », à ce qui est revenu à mes oreilles. II avait, dit-on, même participé à la campagne de Bill Clinton. Ensuite, il s’est présenté en 2016 à l’élection présidentielle sous la bannière des « Républicains ». S’il était Togolais, il aurait créé son parti politique. C’est la mode.


C’est l’air du temps. Cela conviendrait parce que, lui au moins, il a de gros moyens de faire de la politique. Ceux qui multiplient les partis politiques au Togo mangent-ils à leur faim ? Ont-ils de gros moyens de faire de la politique, puisque l’argent est le nerf de la guerre ? Sont-ils capables de réunir les 10 millions pour participer à l’élection présidentielle ? Je ne crois pas ; et c’est, selon moi, leur premier et lourd handicap.


Bien plus, quelle audience ces nouveaux partis ont-ils sur le plan national et, subsidiairement, sur le plan international ? Il faut plutôt unir toutes ces forces pour mieux lutter.

Plus on est bien nombreux et bien cimenté, mieux on est fort pour tenir tête aux résistances, soulever les montagnes : «Comme les hommes ne peuvent engendrer de nouvelles forces, mais seulement unir et diriger celles qui existent, ils n’ont plus d’autres moyens pour se conserver, que de former par agrégation une somme de forces qui puisse l’emporter sur la résistance, de les mettre en jeu par un seul mobile et de les faire agir en concert. Cette somme de forces ne peut naître que du concours de plusieurs » (Rousseau, Du contrat social).



Savez-vous par ailleurs, messieurs les chefs de partis, que, pour devenir président en Afrique au sud du Sahara, surtout au Togo, un cas unique en son genre, tout se joue à Paris ? Si vous ne le savez pas, alors je vous le dis. Ce n’est pas une mince affaire. Là où les Edem Kodjo, les Kofi Yamgnane, les Léopold Gnininvi, les Yawovi Agboyibo, les Gilchrist Olympio, les Bob Akitani (paix à son âme) ont échoué, que comptez-vous faire en étant dispersés ? Je pense que c’est plutôt en étant unis comme un seul homme et bien cimentés que vous allez influencer les hommes politiques français qui vivent de notre argent.



Ceux qui sont au pouvoir depuis des années restent parce qu’ils corrompent les hommes politiques français. Ils protègent les intérêts français. Si voulez en savoir plus sur comment notre argent circule entre les capitales des pays africains et Paris pour aller s’échouer dans les coffres des hommes politiques français, alors je vous exhorte à lire Pierre Péan, Carnages, Affaires africaines, L’argent noir, Nouvelles affaires africaines, La république des mallettes, etc. Vous pouvez également lire François-Xavier Verschave, De la françafrique à la mafiafrique, Raphaël Granvaud, Que fait l’armée française en Afrique, Areva en Afrique et Antoine Glaser et Stephen Smith, Ces messieurs Afrique. Ainsi vous comprendrez que devenir président en Afrique au sud du Sahara n’est pas une partie de plaisir. Tout se décide à Paris. Il suffit qu’un chef d’État africain décide de détourner un peu son regard des intérêts français que le courroux des hommes politiques français s’abat sur l’homme. Vous souvenez-vous encore des propos violents du ministre des affaires étrangères, du Premier ministre français à la suite de l’élection présidentielle au Gabon ?




Alors que les élections étaient aussi truquées au Togo, au Cameroun, au Tchad, au Congo Brazza, etc., ils n’avaient soufflé mot. Leur silence était plutôt monacal. Ali Bongo était obligé d’aller s’agenouiller devant eux et promettre de protéger leurs intérêts avant qu’ils ne se taisent. C’est vous dire que le jeu politique africain se joue à Paris. Les coups d’État en Afrique se préparent à Paris. Et ce qu’il faut faire, à mon avis, dans le cas atypique du Togo, c’est, je le répète, d’unir nos forces au sein d’un parti ou des partis qui existent déjà et d’essayer avec le peuple de court-circuiter les très corrompus hommes politiques français, les prendre au dépourvu à la manière des Burkinabés. C’est la seule issue, je crois, pour sortir le Togo des griffes de ces Machiavels qui le régentent depuis des décennies, et qui ne sont là que pour les intérêts de la France.



Tchakie Thomas SEKPONA-M.
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