Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Togo    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Économie
Article



 Titrologie



Le Combat du Peuple N° 896 du

Voir la Titrologie

  Sondage


 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles


Comment

Économie

L’art de crucifier les consommateurs: La résurgence des délestages intempestifs au Togo
Publié le lundi 5 decembre 2016  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Parfait
Dèdèriwè Abli-Bidamon, Ministre des Mines et de l’Energie dans le Gouvernement Klassou I
Lomé, le 29 juin 2015. Parlement du Togo. Le Gouvernement Klassou I en scelle.


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier


La CEET et Contour Global ont montré leurs limites : Le Ministère des Mines et de l’Energie interpellé pour stabiliser la production électrique



Ces derniers temps, il est fréquemment constaté à Lomé et dans plusieurs autres villes du pays des coupures intempestives de courant électrique. Il ne serait pas superflu de dire que le Togo a renoué avec les délestages qui paralysent et plombent les activités économiques et la tranquillité des citoyens. C’est une situation incompréhensible lorsqu’on sait que l’Etat a investi des centaines de milliards de francs dans le projet de construction d’une centrale notamment Contour Global qui se révèle, à la fin, un éléphant blanc.

Nous faisons un devoir de mémoire en rappelant que c’est face aux caprices récurrents des pays anglophones voisins (Ghana et Nigeria) qui ne fournissaient plus régulièrement, depuis la fin des années 90, les kilowattheures nécessaires à la centrale commune au Togo et au Bénin ( CEB) que les deux nouveaux Chefs d’Etat, Faure Gnassingbé du Togo et Yayi Boni du Benin, ont cru bon de doter leur pays d’une nouvelle source d’approvisionnement.


Ceci, afin non seulement de trouver une solution idoine à la crise de délestage qui sévissait à l’époque dans les deux pays, mais aussi et surtout, de réaliser leurs ambitieux programmes de développement pour leur pays respectif. C’est donc au cœur de ce besoin pressant qu’a été brandie l’offre Contour Global. La Société internationale de droit américain spécialisée dans la production de l’électricité s’est engagée à assurer une production optimale de 100 Mgw au moyen de turbines fonctionnelles à gaz naturel, au gasoil ou au fuel lourd à installer dans les deux pays. Le coût de réalisation s’élevant à 192,4 millions de dollars, avec des conditions, a priori, pénalisantes pour les bénéficiaires.

A l’époque, le Benin avait écarté tout simplement cette offre. Seul le Togo a accepté de prendre en charge le lourd projet que constitue Contour Global dont le processus d’acquisition est rentré dans sa phase active en octobre 2006 par la signature d’une convention de concession entre le Togo et la société Contour Global Togo SA.

En effet, pour être sûr de récupérer les 192,4 millions de dollars investis, Contour Global et ses partenaires ont exigé et obtenu le gage des comptes de la CEET. Autrement dit, quoiqu’il arrive et que les Togolais aient de l’électricité ou pas, l’Etat togolais est contraint de payer 16 milliards par an à Contour Global et ce, durant toute une génération. Ainsi se résume le contrat qu’ont signé le Gouvernement et Contour Global avec d’autres partenaires notamment l’International Finance Corporation (IFC) et Overseas Private Investment (OPIC). Le tout, sous la conduite de Noupokou DAMMIPI, à l’époque Directeur Général de la CEET et concepteur du contrat avec l’appui de N’GUESSAN Etienne, consultant et Mensah Léopold GNININVI, alors Ministre de l’Énergie.

Cela a été suivi d’un contrat d’achat d’énergie conclu le 5 juin 2007 avec la CEET. Les discussions ayant abouti à la signature des documents financiers ne furent finalisées que le 6 mai 2009 mettant ainsi en vigueur la convention de concession et le contrat d’achat d’énergie. Aujourd’hui, force est de constater que le contrat étouffe la CEET. Ce contrat que certains se plaisent à appeler «contrat DAMMIPI» représenterait aujourd’hui, selon des sources internes à la principale société togolaise d’énergie électrique, un vrai lest qui empêche la CEET d’exécuter aisément d’autres chantiers.

Il est donc étonnant que malgré la centaine de milliards de francs que ce projet a coûté aux contribuables togolais, plus de 7 ans après, les citoyens continuent de payer cher un courant qu’ils ne sont même pas sûrs d’avoir 24h/24.

En début d’année, la CEET, par un communiqué en date du 23 février 2016, avait maladroitement tenté de situer sa clientèle sur les raisons des coupures intempestives de courant qui n’étaient pas aussi habituels que celles constatées présentement. Selon la société dirigée par Mawussi KAKATSI, c’est en raison de « la réduction de la disponibilité de l’énergie électrique sur le réseau interconnecté de la Communauté électrique du Bénin (CEB) et suite à un incident technique survenu le mardi 23 février à 1 heure du matin au niveau de la centrale Contour Global » que des perturbations ont été constatées dans la fourniture du courant électrique. Le communiqué va plus loin en précisant que seul quelques villes seraient affectées par ces délestages notamment Lomé, Tsévié et Kévé.

Par la suite, il s’est avéré qu’il n’en n’est rien parce que les perturbations existaient bien avant la publication du communiqué et se sont poursuivies sans que la CEET ne trouve d’autres arguments pour se justifier.

Depuis ce temps, la société chargée de la fourniture du courant a adopté comme stratégie un mutisme exaspérant envers sa clientèle. Si ce n’est des avis à la clientèle sporadiques publiés sur les médias relatifs à des interruptions dans les quartiers et zones périphériques de Lomé en raison des travaux de maintenance sur des ouvrages électriques, rien ne se dit concrètement pour éclairer les consommateurs qui subissent les délestages même pendant la nuit.

Par ailleurs, une communication sanctionnant le conseil des Ministres du 08 novembre dernier ne laisse présager rien de bon sur la situation énergétique déjà dégradée dans notre pays. Ladite communication qui est passée inaperçue est relative à l’évolution des activités du projet du gazoduc de l’Afrique de l’Ouest et précise notamment que « Conçu pour assurer le transport du gaz naturel du Nigeria afin d’approvisionner le Bénin, le Ghana et le Togo, il apparaît que le projet traverse quelques difficultés essentiellement dues à des cumuls d’arriérés nécessitant plusieurs rencontres de haut niveau entre les pays membres.


Un plan de redressement du projet assorti d’un chronogramme d’exécution a été adopté par le comité des ministres chargé de ce secteur lors de la réunion de haut niveau tenue à Accra le 06 octobre et augure d’un retour prochain à la normale ». Pour rappel, le projet Gazoduc devrait fournir du gaz naturel pour le fonctionnement de Contour Global présenté en 2011 comme la solution définitive aux problèmes de coupures de courant et de délestage. Mais aujourd’hui, l’utilisation de gaz naturel a fait place au fuel lourd. Au Togo, la centrale thermique opérée par l’Américain Contour Global avait été conçue pour fonctionner principalement au gaz naturel. Mais l’exploitant est contraint d’utiliser le fuel lourd beaucoup plus cher pour produire l’électricité. Ce qui, du coup, a amené certains observateurs à entrevoir, à travers ce communiqué, une augmentation des frais de fourniture du courant électrique dans les prochaines semaines.

Le plus curieux dans tout ça, c’est que même le Ministre des Mines et de l’Énergie, Dederiwè ABLI-BIDAMON n’est pas monté au créneau pour justifier la situation énergétique et apaiser les consommateurs. Alors qu’on se rappelle qu’au temps où Noupokou DAMMIPI occupait ce poste, il n’a pas hésité à s’insurger contre le planning de rotation de la fourniture de l’énergie électrique élaboré par la CEET pour faciliter la distribution de l’énergie électrique. Conséquence, le Gouvernement a mis les bouchées doubles et l’approvisionnement a repris normalement surtout que les groupes électrogènes sont installés pour assurer la production localement.

Au regard de tout cela, nous disons que c’est trop facile pour la CEET de s’excuser à travers les médias et de prétexter des travaux de maintenance pour couper le courant même tard dans la nuit. Car, en réalité, les coupures de courant dépassent souvent les délais et les zones ciblées. Si déficit énergétique il y a, il faut une communication et une vraie pour situer les consommateurs sur les raisons qui sont à l’origine des délestages d’autant plus que les usagers n’ont pas le temps de mettre à l’abri leurs appareils électroménagers avant que ne surviennent les coupures.


Les difficultés financières de la CEET ou d’approvisionnement en carburant de Contour Global n’engagent en rien les consommateurs parce qu’à la fin du mois, ceux-ci paient leurs factures et si ce n’est pas le cas, c’est la coupure du courant sans autre forme de procès.

Au ministère des Mines et de l’Énergie, les projets pour stabiliser la production électrique ne manquent pas. Mais, c’est à se demander à quelle fin puisque le résultat n’est pas toujours au rendez-vous. Le projet de construction du barrage d’Adjarala lancée récemment est très avancé avec la coopération chinoise et nous apprenons qu’un autre projet d’installation de centrale thermique est également à l’étude. Mais dans tous les cas, ces projets ne devraient pas voir le jour avant deux ou trois ans.

En attendant que ces solutions voient le jour, il convient de rappeler aux responsables de la CEET que les délestages ont des incidences sur les activités des consommateurs. Il est grand temps qu’ils soient avertis à temps au lieu que la CEET se contente d’envoyer des communiqués à travers certaines radios et une certaine presse pour justifier l’injustifiable.

Julles
... suite de l'article sur Le Combat du Peuple


 Commentaires