par Marwane Ben Yahmed
Marwane Ben Yahmed est directeur de publication de Jeune Afrique
Le débat fait à nouveau rage. En moins d’un mois, trois pays africains ont annoncé vouloir se retirer de la Cour pénale internationale (CPI) : le Burundi, l’Afrique du Sud, puis la Gambie.
Le premier et la troisième ne brillent pas vraiment en matière de respect des droits de l’homme (fort heureusement, l’élection historique, le 2 décembre, d’Adama Barrow annonce des jours meilleurs à Banjul), tandis que l’Afrique du Sud est dirigée par un président indigne de marcher dans les pas de Nelson Mandela. Imagine-t-on d’ailleurs Madiba exiger un tel retrait ?
Le principal grief fait à la CPI, le plus audible en tout cas, serait son tropisme anti-africain. Comprendre : une justice rendue par des Blancs néocolonialistes (une justice de vainqueurs) qui ne frapperait que les Africains. Cet argument, même s’il est souvent brandi par des dirigeants peu scrupuleux qui aiment à jouer les cartes populiste ou anti-occidentale pour détourner l’attention de leurs propres turpitudes, oubliant un peu vite que la CPI n’existerait pas si les justices nationales étaient plus opérationnelles, doit naturellement être entendu. La Cour ne peut balayer d’un revers de main les observations, voire les exigences des pays africains.