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Interview de DODZI KOMLA KOKOROKO, Président de l’Université de Lomé (UL)
Publié le lundi 19 decembre 2016  |  Focus Infos


© aLome.com par Edem Gadegbeku et Parfait
Pr Komla Dodzi KOKOROKO, PDT de l`Université de Lomé


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Nommé il y a six (6) mois à la tête de la plus importante université du Togo, monsieur Dodji KOKOROKO a hérité d’un vaste chantier : effectif de plus en plus pléthorique, moyens en progression mais limités, système d’enseignement pas totalement assimilé, grèves cycliques etc. Sur toutes ces questions, le jeune président s’est confié, pour sa première sortie médiatique, à FOCUS INFOS. Sans langue de bois !



FOCUS INFOS : Vous êtes depuis le 11 mai 2016, le nouveau président de l’Université de Lomé (UL). Comment avez-vous trouvé «la maison»?



Dodji KOKOROKO : Je suis arrivé à la tête de notre maison à plusieurs toits, une institution avec laquelle je suis très familier, puisque j’y ai fait la première partie de mes études supérieures et surtout parce que depuis 10 ans, j’y suis enseignant-chercheur et administrateur. Comme tout édifice solide exposé à l’usure du temps, il y a, pour certains toits, des étanchéités à faire, des extensions verticales à réaliser et pour le bâtiment principal, des charpentes à renforcer, des piliers à créer et des consolidations à réaliser pour un rendement optimal.

Les problèmes, atouts et défis de l’Université de Lomé ne me sont donc pas étrangers. Ma prise de fonctions à la tête de notre Institution m’a permis d’évaluer nos atouts avec plus de recul, d’appréhender nos problèmes avec plus de précisions et de prendre la mesure des défis. Pour les surmonter et saisir toutes les opportunités que nous offre l’environnement national et international, il nous faut à l’évidence vivre une révolution individuelle et collective des mentalités. Il faudra alors que « tout change pour que rien ne change ».



FI : Quels sont alors vos grands chantiers pour l’UL?

D.K: Il n’est pas aisé de parler de grands chantiers. En réalité, c’est toute l’UL qui est en chantier. Dans cette entreprise de refondation, nous avons hiérarchisé nos priorités en les arrimant aux quatre grands piliers d’une université moderne : la pédagogie, la recherche, la coopération et la gouvernance. Les territoires prioritaires sont donc clairement délimités.


Il s’agit d’abord d’adapter le LMD aux conditions étudiante et enseignante tout en assurant la qualité des offres de formation de l’UL. En ce sens, une note de service recommande aux Facultés, Ecoles et Instituts d’accorder une attention particulière aux délibérations et aux examens spéciaux pour les étudiants en souffrance avec 3 ou 4 crédits pour l’obtention de leur diplôme de Licence. Le renouvellement des responsables de domaine et de la Commission scientifique et pédagogique de l’UL participe aussi à cette volonté de la présidence de l’UL de dédramatiser et de démystifier le LMD.

Enfin, il en est de même du plafonnement dans le choix des Unités d’enseignement, lequel relègue désormais au second plan la loterie et l’amateurisme de l’étudiant et de la commande de machines pour une meilleure gestion des QCM. En lien avec cette adaptation, nous pensons établir une politique de recherche en adéquation avec les priorités nationales et les exigences internationales. Ensuite, une attention soutenue est portée sur l’indispensable financement de la recherche qui est crucial, si nous voulons être des acteurs clé de la sphère scientifique régionale et mondiale. Aussi, une politique de coopération ambitieuse passe par l’affermissement du partenariat public-privé et la consolidation des partenariats Sud-Sud et Nord-Sud.



Nous avons ainsi lancé, dès notre prise de fonction, une série de négociations avec divers partenaires d’ici et d’ailleurs et elles portent déjà leurs fruits avec la mise en place d’une radio-école au profit de l’Institut des Sciences de l’Information, de la Communication et des Arts (ISICA), le câblage wifi du campus universitaire, l’octroi de tracteurs au profit de l’Ecole Supérieure d’Agronomie (ESA), la concession du restaurant universitaire à un prestataire privé et des promesses de réhabilitation d’amphithéâtres en attente d’être concrétisées.


Enfin, la gestion des ressources humaines et financières, priorité de l’agenda universitaire, convoque en partie l’adoption d’un plan judicieux de gestion des ressources humaines incluant un plan de carrière et de recrutement. Nous pensons en effet que de la qualité des hommes dépend la qualité de l’institution universitaire dans le strict respect des charges statutaires des enseignants et du personnel administratif et technique (PAT) telles que définies par les textes.

La gouvernance économique et financière de l’UL est également au cœur de nos priorités. La réhabilitation des bâtiments, notamment l’auditorium du campus universitaire et surtout la bibliothèque universitaire, le badigeonnage des bâtiments et amphithéâtres de l’UL et le nivellement des principales dessertes en attendant leur bitumage illustrent de fort belle manière notre détermination à la rénovation et au renforcement des infrastructures universitaires. Ainsi, en profondeur et sur le plan visuel, nous travaillons à donner un visage nouveau, moderne et dynamique à l’UL.



FI : La rentrée universitaire 2016-2017 vient de s’effectuer dans les différentes facultés, avec un nombre de plus en plus croissant d’étudiants. Pouvez-vous continuer à en accueillir autant ?

D.K: Le défi de l’UL, en sa qualité de première université du Togo, est de continuer à accueillir les étudiants désireux de s’y inscrire, pour la simple raison qu’elle se doit de garantir le droit à l’éducation supérieure. Cependant, la massification s’accentue d’année en année. Elle découle de l’équation insoluble baccalauréat=entrée à l’université. Une telle situation n’est pas sans conséquence sur la qualité du service public universitaire.


Dans une perspective corrective, les pouvoirs publics ont décidé, depuis la tenue, en novembre 2013, du Conseil présidentiel sur l’avenir de l’enseignement supérieur et de la recherche au Togo, de créer des collèges universitaires dans les cinq régions économiques du Togo. L’effectivité d’une telle décision, sera pour notre institution, une solution fort appréciable en termes de réduction des effectifs, et donc d’un meilleur encadrement pédagogique de nos étudiants. Au-delà de l’insuffisance des moyens accordés aux Universités publiques, un minimum de sélection d’entrée semble nécessaire sans compter la professionnalisation des formations dès le lycée.



FI : Parlez-nous de la réforme LMD à l’UL ; concrètement quels héritages, quelles améliorations ?

D.K: Le système naît, vit et s’adapte. Initié en 2004 avec la création de la Commission LMD-UL, valorisé par le Réseau pour l’excellence de l’enseignement supérieur en Afrique de l’Ouest (REESAO) et institué par le décret n° 2008-066/PR du 21 juillet 2008, le processus LMD est mis en œuvre par l’arrêté n° 017/MESR/CAB/2009 du 20 mars 2009 et marqué par plusieurs phases d’exécution.



_ la phase de mise en œuvre du parcours « Licence » à partir de la rentrée académique 2009-2010. Les offres de formation dans le parcours ou grade Licence ont été finalisées et validées en 2014 pour une période de 3 ans. Leur évaluation et leur recadrage interviendront à la fin de l’année 2017 ;

_ la phase de mise en œuvre des « Masters ». Les offres de formation en Masters de recherche et professionnel ont été généralisées à partir de 2012 et assurées jusqu’à ce jour dans tous les établissements de l’UL. Il n’en reste pas moins que les fruits n’ont pas tenu la promesse des fleurs. En effet, la plupart des Masters se sont révélés élastiques sur la durée, loin des deux années réglementaires avec à la clé le recours quasi systématique aux missions extérieures, l’absence de soutenance, etc.

Conséquemment, il a été demandé aux Masters ouverts conformément aux textes de l’UL (2014-2016) d’être bouclés au 31 décembre 2016. Par ailleurs, une commission ad hoc a été mise sur pied pour analyser l’ensemble de l’offre dans le grade Master et proposer des parcours pertinents en s’appuyant sur le tissu togolais de l’emploi et sur les moyens et compétences de l’UL. Je rêve de Masters ciblés, utiles, modernes et surtout réalisés dans les délais réglementaires.

_ la mise en place des Ecoles doctorales est la phase ultime du processus LMD. La commission de réflexion créée à cet effet a achevé ses travaux et a recommandé la création de cinq (05) Ecoles Doctorales, à savoir :

_ Ecole Doctorale Lettres, Langues et Civilisations (ED-LLC) ;

_ Ecole Doctorale Homme, Société et Développement (ED-HSD) ;

_ Ecole Doctorale Sciences Juridiques, Politiques, Economiques et de Gestion (ED-SJPEG) ;

_ Ecole Doctorale Terre, Organismes, Matière, Ingénierie et Agronomie (ED-TOMIA) ;

_ Ecole Doctorale Sciences de la Santé (ED-SS).



Pour conclure sur le LMD qui est encore l’avenir de notre système universitaire, le temps sera, au-delà des acquis et ajustements nécessaires, l’expression de son utilité ou inutilité. D’ores et déjà, il est organisé, en termes d’adaptation du système LMD, des examens spéciaux permettant aux étudiants ayant 180 crédits mais n’ayant pas validé certaines UE fondamentales ou à ceux en manque de 3 ou 4 crédits, des 180 crédits requis, d’obtenir leur Licence. Il va sans dire que nous ne cultivons pas le racisme de l’intelligence ou de génération et que la condition étudiante est au cœur de notre agenda universitaire.

FI : Que vous évoquent les thèmes récurrents de contestation estudiantine que sont les bourses, le logement, le transport etc. ?

D.K: La contestation a partie liée avec l’Université publique. Dans cet ordre d’idées, la présidence de l’Université de Lomé reste attentive aux questions de bourse, de logement et de transport par la recherche de solutions en phase avec notre temps et nos réalités socio-économiques.

S’agissant de l’octroi des allocations de secours et des bourses, l’attribution s’effectue sur des critères d’âge et de crédits validés suivant les semestres LMD. Ces critères ont été de façon consensuelle dégagés et validés entre le collège des délégués généraux, les mouvements et associations estudiantins et le Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (MESR). Cependant, des changements pourraient intervenir à la faveur d’une réforme proposée par le MESR.

Ils concernent autant la forme que le fond de la bourse de l’étudiant. Il est en effet envisagé des bourses à caractère social (entières ou partielles) et des bourses d’excellence. Les taux seront aussi revus à la hausse et les critères d’attribution tiendront compte des réalités sociales, tout en renforçant le critère du mérite. Des séances d’information, de sensibilisation et d’échanges sont actuellement organisées par la Direction des Bourses et Stages (DBS) sur le campus universitaire de LoméCertains groupes d’étudiants sont adeptes du monologue, de l’intox et de l’immobilisme. Le MESR reste ouvert à un dialogue franc et inclusif afin que nous recherchions les forces et faiblesses dudit projet.

Concernant le logement estudiantin, l’accroissement continu des effectifs des étudiants (plus de 50% de 2007-2008 à 2011-2012), en lien avec les infrastructures disponibles, ne permet pas d’attribuer des chambres en cités universitaires à tous ceux qui en font la demande. Certes, les étudiants moins nantis, venant de l’intérieur du pays et n’ayant pas d’attache à Lomé, sont prioritaires.


Pour résorber le nombre de demandes insatisfaites, deux projets de réfection des cités universitaires ont été initiés. En dehors de la Cité B au standing amélioré, le coût du loyer des autres résidences universitaires, même rénovées par l’UL, a été maintenu à 4000 FCFA/mois. D’autres pistes sont en train d’être explorées pour faire en sorte que le Centre des Œuvres Universitaires (COUL) arrive à loger un plus grand nombre d’étudiants.

Quant au transport des étudiants, face aux contraintes résultant de l’accroissement des effectifs des étudiants et à l’insuffisance des bus affectés à leur transport, des discussions ont été engagées en 2012, avec les responsables de la Société des Transports de Lomé (SOTRAL). L’implication des plus hautes autorités de l’Etat a permis de dénouer la situation qui connaissait des blocages sur certains points du partenariat envisagé.


Dès lors, SOTRAL a d’abord mis, depuis 2016, à la disposition des étudiants de nouveaux bus et, a prolongé et ouvert de nouvelles lignes de desserte. Ensuite, le tarif initial, appliqué aux étudiants, variait entre 150 et 250 FCFA, selon les trajets. Depuis le mois de juin 2016, un accord a été signé entre SOTRAL et le Gouvernement, avec à la clé, d’une part, l’imposition d’un tarif unique (150 FCFA) indifféremment des artères et, d’autre part, la démultiplication des artères. Ces acquis font la grande satisfaction de la communauté estudiantine.


FI : Y a-t-il une réforme des frais d’inscription à l’UL ?

D.K: Il faut se garder de toute démagogie ou intoxication universitaire. Les frais d’inscription sont plafonnés suivant le statut de l’étudiant conformément aux accords de 2011. Le nouveau bachelier paie des frais d’un montant équivalent à 21000 FCFA qui se répartissent comme suit : 6000 FCFA de coûts fixes (dont 5 000 FCFA pour l’inscription académique annuelle et 1000 FCFA correspondant au coût de la mutuelle des étudiants) ; 15000 FCFA pour 60 crédits au coût unitaire de 250 FCFA (les étudiants sont censés acheter 30 crédits par semestre, donc 60 au total par année académique). Pour les anciens étudiants, le coût total des UE varie en fonction des crédits achetés qui sont eux-mêmes fonction des UE validées au cours des semestres précédents.


Somme toute, le financement des universités publiques ne doit plus être considéré comme un sujet tabou. Le modèle actuel est devenu intenable d’un point de vue financier et nous devrons, à un moment ou à un autre, refonder le «contrat social» passé entre le gouvernement et la société. Certes, il n’a été, pour l’heure, décidé d’aucune augmentation comme le prouvent les frais d’inscription payés au titre de l’année universitaire 2016-2017. En revanche, la durabilité de ce modèle étant remise en question, une inévitable réflexion et des actions conséquentes devront être menées.


FI : L’un des problèmes majeurs de nos pays reste l’inadéquation emploi/formation. Quelles sont les dispositions prises à l’UL pour améliorer l’adéquation voulue ?

D.K: Les missions de l’université sont en mutation dans un monde lui-même en mutation. Face à ce double dynamique, il ne s’agit plus de doter l’élite uniquement d’une culture générale dans une dynamique

théorique, mais de préparer les futurs diplômés à un avenir professionnel. La professionnalisation reste donc le mot d’ordre sans toutefois remettre en cause la place de la recherche. Le recadrage des offres de Licence en 2017, la restructuration et la professionnalisation de l’offre dans le grade Master, la mise en place des Ecoles doctorales concourent alors vers une excellence de l’adéquation formation-emploi à l’UL.


Le REESAO et le Ministère de l’enseignement supérieur du Togo ont d’ailleurs identifié, pour l’Université de Lomé, au delà du secteur de l’économie bleue qui retient particulièrement l’attention, 22 filières porteuses, pour mieux professionnaliser l’enseignement supérieur. Il s’agit notamment des filières soins infirmiers, pharmacie, odontostomatologie, génie civil, traitement et gestion de l’eau, agriculture, transformation des produits miniers et agricoles, matériaux et énergies renouvelables, informatique, gestion des collectivités locales, gestion des transports et logistique. Le travail devrait consister à définir les contenus pédagogiques et procéder à l’opérationnalisation de ces formations.

Vous l’auriez compris, nous sommes ouverts sur l’excellence et optimistes sur l’université. Nous croyons dès lors en une Université audible, visible et surtout porteuse de solutions.

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