Occultés par la montée du terrorisme, les crimes environnementaux semblent désormais faire partie du paysage Ouest-africain. Une activité illicite qui a brassé entre 91 et 259 milliards de dollars en 2016, soit une croissance 2 à 3 fois plus rapide que celle de l’économie mondiale. La région est essentiellement une zone de transit pour des produits rares et protégés en provenance de différentes régions du continent voire même d’Amérique latine vers le marché européen.
Les politiques sécuritaires en Afrique de l'Ouest sont aujourd'hui synonymes de lutte contre le terrorisme et de ses moyens de financements. Une orientation qui se justifie par la réalité géopolitique de la région. Il n'empêche que cette situation occulte en partie l'avancée de la « criminalité environnementale », en Afrique de l'Ouest qui est devenue selon les observateurs internationaux une zone-carrefour du trafic d'espèces sauvages protégées. La criminalité forestière et la pêche illicite sont également en recrudescence et impactent la paix et la sécurité régionales. Une évolution qui pousse les pays de la région à élaborer des mécanismes politico-Juridiques visant à lutter contre les crimes environnementaux.
Des crimes toujours pas répertoriés
Une prise de conscience qui s'étend en dehors du continent, en témoigne la décision prise par la Cour pénale internationale (CPI) en septembre dernier, d'accorder plus d'importance aux « crimes impliquant ou entraînant, entre autres, des ravages écologiques, l'exploitation illicite de ressources naturelles ou l'expropriation illicite de terrains ».
Il n'empêche qu'une catégorisation exacte des crimes environnementaux reste à définir. Actuellement, le Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) a établi 5 catégories, à savoir : l'exploitation forestière illégale et la déforestation, la pêche illicite, l'exploitation minière illégale et le trafic des minerais, le déversement et le commerce illégal des déchets dangereux et toxique ou encore le braconnage des animaux et des plantes sauvages. Une catégorisation qui reste freiné par le manque de cohérence et d'harmonisation des législations en la matière à l'échelon régional et international.
Cette lenteur législative a par ailleurs, favorisé l'explosion de crimes environnementaux au cours des dernières décennies. Selon les investigations du PNUE et d'Interpol, les crimes environnementaux aurait une croissance 2 à 3 fois plus rapides que celle de l'économie globale. Les montants concernés par ces trafics auraient augmenté de 26% depuis 2014, pour atteindre une valeur estimée entre 91 et 259 milliards de dollars en 2016. Un trend qui fait des trafics issus du crime environnemental le 4e marché criminel mondial.
Plus hub que sanctuaire
Là où les pays d'Afrique de l'Est et Australe subissent des actes de braconnage d'espèces rares, les pays d'Afrique de l'Ouest, notamment ceux abritant les grands ports constituent des zones de transit, pour ce genre de trafic. Le port de Lagos en est un bon exemple, ce dernier représente une plaque tournante du commerce de l'ivoire et de la corne de rhinocéros. Ces ports ne constituent pas que des bases d'exportations mais servent aussi de zones de transit pour des cargaisons en provenance d'Amérique latine et d'Afrique australe (essence de bois précieux, animaux et plantes sauvages) en direction de l'Europe.... suite de l'article sur Autre presse