A l’occasion de sa récente visite aux forces françaises engagées au Sahel dans l’opération Barkhane, François Fillon, le candidat de la droite française, a rencontré les chefs d’Etat du Niger et du Mali. Le 17 décembre en fin d’après-midi, l’ancien Premier ministre français a été reçu par Mahamadou Issoufou à Niamey. Puis le 18 décembre, le député de Paris a été invité à déjeuner par Ibrahim Boubacar Keita (IBK) à Bamako.
Avant ces deux rencontres, Fillon connaissait à peine Issoufou et pas du tout IBK. Comment se sont passés les deux entretiens ? Et, au-delà de ces rencontres, qui sont les principaux conseillers de Fillon sur l’Afrique ? Quelle sera sa politique africaine s’il accède à l’Elysée en mai prochain ? S’inscrira-t-elle dans la droite ligne de la stratégie militariste initiée par François Hollande pour traquer les groupes jihadistes ? Une certitude : le prétendant à la magistrature suprême a consacré au Mali et au Niger sa première sortie internationale de candidat. Et un proche d’IBK confie à RFI : « Fillon nous a rassurés, car il nous a dit que, s’il était élu, la France ne diminuerait pas son effort de guerre au Sahel. » Les explications de notre confrère Christophe Boisbouvier, auteur de l'ouvrage Hollande l'Africain (Editions La Découverte).
Si François Fillon était élu en mai prochain, l’Afrique figurerait-elle dans le premier cercle de ses priorités diplomatiques?
A priori, non. Dans sa dernière tribune de presse sur la politique étrangère de la France, le 25 novembre 2016 dans le journal Le Monde – deux jours avant sa large victoire au second tour de la primaire de la droite et du centre –, François Fillon n’a consacré à l’Afrique que trois mots au détour d’une liste des atouts dont disposerait la France pour « tenir son rang ». Parmi ces atouts, il a cité la langue française, « qui rayonne dans le monde et d’abord en Afrique, continent de l’avenir. » Pas un mot de plus sur le continent. Tout le reste de sa tribune a été consacré à l’Europe, la Russie et le Moyen-Orient. Logique : Fillon est l’un des rares candidats à la présidentielle française qui prône un rapprochement avec le Russe Vladimir Poutine et le Syrien Bachar el-Assad au nom de la lutte antijihadiste et de la défense des chrétiens d’Orient. Il met donc en exergue ce qui le distingue de ses adversaires.
Cela dit, les 17 et 18 décembre derniers, le député de Paris en a surpris plus d’un en consacrant au Sahel sa première sortie internationale de candidat, avant d’aller en janvier en Allemagne, aux Etats-Unis et peut-être en Israël. Au Niger et au Mali, il a rendu visite aux troupes françaises de l’opération Barkhane qui traquent les groupes jihadistes de la région. Les dossiers militaires lui sont familiers, car, au sein de la droite française, le jeune député Fillon a longtemps été le spécialiste des questions de défense.
A Niamey, il a été reçu pendant quarante minutes par le président Mahamadou Issoufou à la résidence de celui-ci. « Les deux hommes ne se connaissaient pas très bien, mais ils s’étaient déjà vus à l’époque où Fillon était Premier ministre, témoigne un proche du candidat français. Ils ont parlé migration et terrorisme. » Puis à Bamako, François Fillon a été invité à déjeuner par le président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK) à la Villa des Hôtes. Les deux hommes ne s’étaient jamais vus, mais, comme la veille à Niamey, la rencontre a été, paraît-il, « chaleureuse ». D’abord élargi pendant trente minutes à trois autres personnes – le directeur de cabinet et le secrétaire général de la présidence malienne et le chef de cabinet du candidat français –, l’entretien IBK-Fillon s’est poursuivi par un long tête-à-tête de quatre-vingt-dix minutes. «Fillon nous a rassurés, confie un proche d’IBK, car il nous a dit que, s’il était élu, la France ne diminuerait pas son effort de guerre au Sahel. »... suite de l'article sur RFI