LOME - Les premiers résultats officiels des législatives au Togo donnaient vendredi le parti au pouvoir en tête au niveau national alors que le collectif d’opposition Sauvons le Togo arrive en deuxième position sur l’ensemble du pays et à la première place à Lomé, la
capitale.
Le scrutin de jeudi, initialement prévu en octobre et maintes fois repoussé par des manifestations antigouvernementales, s’est déroulé dans un climat relativement calme.
Les résultats définitifs et la nouvelle répartition des sièges dans
l’hémicycle suite à ce scrutin proportionnel à un tour ne sont pas attendus avant 48 heures.
Les résultats partiels provisoires compilés par la commission électorale
indépendante (CENI) donnent l’Union pour la République (UNIR) du président
Faure Gnassingbé en tête des suffrages, suivi par le Collectif Sauvons le Togo
(CST) qui pourrait l’emporter dans la capitale.
Jean-Pierre Fabre, le principal rival de M. Gnassingbé à la présidentielle
de 2010, est la figure de proue du CST, qui rassemble plusieurs partis
d’opposition et des membres de la société civile.
D’autres partis d’opposition étaient réunis au sein de la coalition
Arc-en-Ciel.
Le parti de Gilchrist Olympio, figure historique de l’opposition et fils du
premier président togolais, qui a conclu un accord avec le pouvoir en 2010, a
aussi pris part au scrutin, sur une liste séparée, même si lui-même n’était
pas candidat.
M. Fabre est populaire à Lomé et dans certaines régions du Sud, alors que
le Nord est le fief historique de la famille Gnassingbé.
Le scrutin s’est déroulé de façon relativement pacifique, malgré des
incidents tels que le retard dans l’ouverture de certains bureaux.
Le CST a toutefois publié vendredi un communiqué pour dénoncer des
irrégularités lors du vote.
Le collectif d’opposition accuse notamment les autorités d’avoir "multiplié
les difficultés et autres entraves, dans le but de décourager les électeurs,
dans les zones supposées favorables à l’opposition".
Le CST dénonce aussi des "centres et bureaux de vote fictifs ou créés en
doublon " et considère que " les logiciels de transmission et de compilation
des résultats manquent totalement de crédibilité".
Les autorités ont suspendu une radio liée à l’opposition, Radio Légende,
pendant une partie de la journée jeudi, suite à la diffusion d’accusations de
fraude contre le parti au pouvoir, déclenchant une manifestation spontanée de
plusieurs centaines de personnes.
L’instance publique de régulation des médias a estimé dans un communiqué
que Radio Légende avait violé la loi en donnant la parole à un représentant de
l’opposition le jour des élections.
Les observateurs extérieurs, qui ont noté un fort taux de participation au
scrutin, ont appelé les Togolais à garder leur calme au moment de l’annonce
des résultats.
"Le climat pacifique que nous avons observé est prometteur et nous
aimerions encourager les Togolais à oeuvrer pour apporter une conclusion
positive à ce processus électoral", a déclaré Léopold Ouédraogo, chef de la
mission de 80 observateurs déployée par la Communauté économique des Etats
d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) sur le terrain.
Ces élections sont la plus récente étape d’une lente transition vers la
démocratie, le Togo ayant été gouverné d’une main de fer pendant plus de 30
ans par le président Gnassingbé Eyadéma, jusqu’à sa mort en 2005.
Porté au pouvoir par l’armée, son fils Faure Gnassingbé lui a succédé en
2005. Il a remporté en 2005 puis en 2010 des scrutins présidentiels dont les
résultats ont été contestés par l’opposition.
Le parti présidentiel avait obtenu 50 sièges sur 81 lors des législatives
de 2007. Cette fois-ci, 91 sièges sont à pourvoir et 26 partis politiques ont
pris part aux élections.