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Discours de Faure Gnassingbé, du parler pour ne rien dire
Publié le jeudi 12 janvier 2017  |  L'Alternative


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
L`exécutif togolais rend grâce à Dieu après le Sommet de l`UA à Lomé
Lomé, le 19 octobre 2016. Paroisse Universitaire catholique de Lomé. Conduit par Faure Gnassingbé, l`exécutif togolais et plusieurs autres officiels participent à une messe d`action de grâces demandée par l`Etat après la tenue réussie au Togo du Sommet extraordinaire de l`UA sur l`avenir des mers en Afrique. Un Sommet sanctionné par l`adoption d`une Charte panafricaine. Cette messe a été concélébrée par l`Archevêque de Lomé, Denis Amuzu-Dzakpah, en présence de la mère du Président, Sabine Mensah Bolouvi.


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« Vœux pour ne rien dire ! », s’écria Dr Thomas, président de l’association « Veille économique ». Attendu le 31 décembre, c’est le 6 janvier 2017 que Faure Gnassingbé s’est finalement adressé à la nation togolaise. Dans son discours du nouvel an, l’homme dans ses velléités de règne à vie, a plutôt escamoté les sujets brûlants de l’heure et présenté le Togo comme un pays où tout va pour le mieux. Et pourtant…



Le secteur de l’éducation est en ébullition. Depuis la rentrée, des grèves à répétitions paralysent les activités académiques et perturbent l’année scolaire. Des enseignants réclament de meilleures conditions de vie et de travail ; des élèves prennent la rue pour réclamer le retour en classe de leurs enseignants. Même si ces derniers jours, il est observé une certaine accalmie, l’orage n’est pas encore passé. Le chef de l’Etat, plus attendu sur cette question, a snobé. « Pour le secteur clé de l’éducation, d’importants défis subsistent pour offrir à nos jeunes apprenants, relève de demain, un système plus performant. A cet égard, la résorption du déficit des effectifs enseignants constituera une priorité dans les efforts à entreprendre », a-t-il déclaré sans dire plus. Les sempiternels maux qui minent ce secteur ont atteint leur paroxysme en 2013 avec des tueries et des répressions des élèves manifestant pour revendiquer leur droit à une éducation décente. Au lendemain du tragique assassinat d’Anselme Sinandare (12 ans) et de Douti Sinanlengue (21 ans) à Dapaong, Faure Gnassingbé a promis des états généraux de l’éducation qui n’ont pas eu lieu trois ans après. Les états généraux de la santé annoncés ont subi aussi le même sort.

Dans le secteur de la santé, la situation est plus alarmante. Avec la vétusté du plateau technique et des infrastructures, les hôpitaux sont devenus malheureusement de véritables mouroirs. Du personnel aux matériels, tout manque, même l’eau. « En ce qui concerne le secteur de la santé, le renforcement du système demeure une grande priorité pour notre pays. L’accent sera mis sur l’amélioration sensible de l’accès et de la qualité des soins. L’approche contractuelle en matière de gestion des structures sanitaires publiques contribuera à améliorer la gouvernance au sein des premiers sites expérimentaux de Lomé, Atakpamé et Blitta. La réhabilitation et la construction de structures modernes dans les différentes régions permettront de rapprocher l’offre de soins des populations bénéficiaires », annonçait Faure Gnassingbé, sans toutefois préciser ce qu’il fallait faire dans l’immédiat pour sauver ce secteur « admis en urgence ». Une autre déclaration de bonnes intentions.

Au moment où tout change chez les voisins d’à-côté, ici on danse le Tango.Les questions épineuses des réformes politiques, des élections locales et de la décentralisation sont ébauchées ou occultées. « Au plan institutionnel et politique, le processus de décentralisation connaît des avancées notables avec l’adoption d’une feuille de route consensuelle à l’issue des dernières assises qui ont réuni l’ensemble des acteurs politiques et de la société civile ainsi que les couches socioprofessionnelles. Les conclusions de ces assises confirment la nécessité de renforcer dans notre pays la gouvernance de proximité et de promouvoir la vitalité démocratique à la base, en agissant de manière concertée et participative. J’ai instruit le gouvernement d’engager immédiatement les actions retenues par consensus à l’issue de l’atelier, en y associant étroitement et constamment l’ensemble des acteurs », déclarait Faure Gnassingbé. Et pourtant,malgré la pression de la communauté internationale, les exhortations de la Conférence des évêques du Togo, les exigences de la classe politique togolaise, le prince, arrivé en 2005 au pouvoir par le massacre des populations dénoncé dans des rapports, refuse de mettre en œuvre les réformes constitutionnelles et institutionnelles identifiées et prévues par l’Accord politique global de 2006.

Si dans la sous-région ouest africaine, du Bénin au Sénégal, en passant par le Ghana, le Burkina-Faso, la Côte d’Ivoire, entre autres, la limitation de mandat à deux voire à un est un acquis, Faure Gnassingbé lui, continue de verser dans le dilatoire et suscite de la curiosité. Le régime de Lomé reste aujourd’hui un point noir sans aucun avenir démocratique dans l’espace sous régional. En Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara a annoncé qu’il ne va pas se représenter en 2020. A l’ouest, le Ghana vient de réaliser dans la tranquillité une nouvelle alternance. L’opposant Nana Akufo-Addo qui a gagné le scrutin présidentiel du 07 décembre 2016, a pris fonction le 07 janvier dernier à l’issue d’une cérémonie d’investiture à laquelle a participé Faure qui, lui, se maintient au pouvoir pour perpétuer la dynastie Gnassingbé. Au Bénin Patrice Talon relance le pays sur le plan économique et politique, au Burkina Faso Kaboré assainit la gouvernance économique et marque la rupture avec l’ancien système. Alors qu’au Togo, on clôture l’année sur le surendettement.

« Aucune vision du futur. Comment boucler notre budget 2017 avec un surendettement du pays? Où trouver les financements pour boucler le budget? Les conclusions de la CJVR sont toujours dans les tiroirs. Ce que veulent les Togolais, c’est le bien-être social, une bonne gouvernance dans les affaires du Togo, la fin de la corruption et de l’impunité. Fini les discours, les Togolais veulent du concret en matière de santé, comme au Ghana avec l’inauguration d’un hôpital de classe internationale. Ce n’est pas un discours qu’on tient au cours du troisième mandat. Alors que le Sénégal vient d’annoncer la baisse de 10% du tarif d’électricité après avoir développé des centrales d’énergies renouvelables : solaire et hydraulique, le Togo dit non à la centrale hydroélectrique d’Adjralala qui est un projet Togo-Benin. Le développement des infrastructures énergétiques permet d’assurer un développement socio-économique durable. Avec un taux d’accès à l’énergie d’à peine 30%, le pays ne peut prétendre à une transformation industrielle de la société. Rien sur le chômage des jeunes, rien sur l’éclosion des PME, rien sur le pouvoir d’achat des Togolais. Bref un discours pour rien », a pesté un autre économiste.

Pierre Claver

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