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Togo : Les origines du tissu KENTE d’Afrique de l’ouest
Publié le mardi 17 janvier 2017  |  Le Togolais


© aLome.com
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L’un des tissus africains les plus célèbres et les plus populaires du monde, les origines et la fonction du Kente ne sont pas pour autant bien connus du grand public. On va ici chercher à présenter, le Kente, ses origines, ses fonctions et ses variétés.


Par Sandro CAPO CHICHI

Les origines du tissu Kente

Le Kente est un tissu multicolore de coton, dont on pense qu’il a autrefois été fait de raffia.
La première mention écrite du nom kente (sous la forme ‘kintee’) date de 1847 où il est utilisé pour décrire un tissu localisé dans la ville de Popo dans l’actuel Togo. Il s’agirait d’un tissu éwé, nom d’une des deux principales ethnies à qui la paternité du tissu est attribuée, l’autre étant les Ashanti du Ghana.


Selon des traditions relevées chez des Ewe du Ghana, le mot se décomposerait en langue éwé en les verbes ke et te signifiant respectivement ‘ouvrir’ et ‘fermer’ qui décriraient la montée et l’abaissement des fils de chaîne nécessaires au tissage. D’après une tradition ashanti, le tissu aurait à l’origine été fait de raffia, un matériau assi utilisé pour fabriquer corbeilles et matelas dont le nom était autrefois kenten et kete. Une autre version ashanti en ferait une phrase de cette langue signifiant ‘quoi qu’il lui arrive, ça ne se déchirera pas’.


Une autre étymologie rapporte que kente aurait été un mot fanti, une langue akan du Ghana signifiant corbeille. En voyant les tissus ashanti, les Fanti, que ne sont pas tisseurs auraient appelé par méconnaissance les tissus ashanti kente, pensant qu’il s’agisse de la même chose. Cette dernière explication ‘neutre’ peut être confirmée par le fait qu’aucun des peuples éwé ou ashanti n’appelle les tissus kente par ce nom dans leurs langues. Les premiers les appellent avɔ alors que les seconds les appellent ntoma ou ntama. Alors que la plupart des Ewés interrogés sur la question postulent que le tissu est originaire de leur culture citant la ville d’Agotime, les Ashanti prétendent la même chose pour la leur, citant la ville de Bonwire. Il semble plutôt en réalité que le tissu se soit développé à travers des échanges et influences entre les cultures des deux ethnies.

L’art du tissage dans la région pourrait venir des Peuls via les Abron du royaume de Gyaman dans l’actuelle Côte d’Ivoire. Les traditions éwé et ashanti les attribuent à l’observation, dans la forêt, d’une araignée tissant sa toile. Revenus en ville, ils auraient introduit l’art de tisser.

Fonction et usage

Chez les Ashantis, l’une des principales fonctions du Kente est d’habiller les dieux car contrairement à d’autres cultures voisines où les divinitéssont représentées de manière plus ou moins anthropomorphes, les Ashanti les représentent comme un assemblange de médicaments et de gri-gri rassemblés dans un récipient qui est à son tour recouvert de Kente. L’usage de Kente se fait traditionnellement par les chefs et leurs reines mères ainsi que certains jeunes membres de leurs familles lors de festivals et de processions. Lors d’enterrements royaux toutefois, seul le chef défunt a le droit d’être vétu de kente, les autres étant vétus de noir, de brun ou de noir.

Chez les Ewés, l’utilisation du Kente n’est pas traditionnellement pas restreinte aux chefs. Elle est toutefois réservée à des occasions d’importance comme des mariages, ordinations de prêtres, festivals, rites de puberté, cérémonies pour des parents de jumeau et, contrairement aux Ashantis, enterrements. Leur usage a évidemment évolué aujourd’hui et s’est diffusé à des occasions plus banales.

Variétés

Les types de kente sont aujourd’hui distincts chez les Ewés et les Ashantis. Ceux des premiers sont considérés comme plus divers et par usage plus varié des couleurs bien que ceux des seconds ait évolué dans cet aspect durant les dernières années. Cette plus grande variété, flexibilité et dynamisme dans l’évolution des tissus éwé est typiquement expliqué par la moindre influence de leurs chefs sur leur peuple qu’en pays ashanti.

Chez ces derniers, le nom des différents tissus est souvent associé à des événements historiques, rois, reines-mères, proverbes, éléments naturels, faune ou flore. Chaque tissu se décompose en bande, en chaîne puis en motifs.


Ces chaînes sont généralement reproduites ou plus rarement mélangée pour donner naissance à des bandes et à des vêtements. De tous les tissus ashanti, celui appelé oyokoman, que la tradition rapporte comme l’un des premiers créés lors d’un séjour d’un Ashanti dans le royaume abron de Gyaman en actuelle Côte d’Ivoire , semble être le plus ancien et le plus important. Son nom complet Oyokoman Ogya da mu, signifie Il y a le feu à la nation Oyoko (clan royal des Ashantis) et renverrait à une guerre civile qui l’aurait frappé au début du 18ème siècle et tous les enseignements moraux que ce genre de conflits implique.

Chez les Ewés, les différents types de tissus sont nommés, comme en pays ashanti, après des événements historiques, des proverbes, des noms d’animaux, etc.

L’usage du kente n’est toutefois pas limité aux Ewés et aux Ashantis mais s’est répandu à d’autres ethnies akan du Ghana et de Côte d’Ivoire dont les Ashantis et les Fantis forment un sous-groupe.
Il s’est aussi notamment propagé chez les Afro-Américains qui l’ont intégré dans leur patrimoine culturel en un faisant l’une des représentations les plus visibles de la contribution africaine à leur identité.

L’usage lui-même s’est démocratisé. Il est désormais considéré comme un vêtement utilisé dans des circonstances de prestige modernes comme le mariage, mais dont l’usage n’est plus seulement réservé aux rois. Son usage en tant que simple accessoire de mode se démocratise également, souvent à travers la copie de motifs sur des tissus dont la fabrication n’a plus rien à voir avec le travail traditionnel des artisans de Bonwire et d’Agotime. Mais dans une période de mondialisation et de braderie des cultures, pouvait-on espérer autrement ?

Bibliographie : Wrapped in pride : Ghanaian kente and African American identity. Doran H. Ross (éditeur)
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