L’information est passée presque inaperçue et n’a suscité aucun commentaire de la cellule nationale chargée de piloter le processus d’éligibilité du Togo au MCC (Millénium Challenge Account). Un curieux mutisme de la part d’une cellule souvent prolixe, avec à sa tête Stanislas Bamouni Baba, celui-là même qui se targue de connaitre les milieux décisionnels américains, mais qui en fait mène son patron en bateau. Certes, depuis Washington, le Togo a été félicité pour avoir dépassé la médiane requise et pour avoir amélioré son tableau de score sur les droits démocratiques et politiques.
Par contre, selon les termes d’un courrier transmis aux autorités togolaises dans la deuxième moitié du mois de décembre 2016, on peut lire : « Le Togo doit encore faire des efforts dans les domaines de la mise en œuvre des lois adoptées sur le contrôle de la corruption et améliorer son score dans le domaine de la liberté économique, surtout dans la règlementation et la création d’entreprises». « Par ailleurs, le Conseil d’Administration du MCC a décidé de maintenir le Togo dans le programme Thershold et a estimé que le Togo devrait faire des efforts dans son programme de mise à niveau afin de bénéficier du Compact », conclut le courrier.
La corruption, c’est le critère qui a fait recaler le Togo qui n’a pu obtenir le Compact en 2016. On comprend aisément la mise sur pied dans la précipitation de la fameuse commission de lutte contre la corruption il y a dix jours. Va-t-elle servir à quelque chose ? Pas évident lorsqu’on sait que les auteurs de la grande corruption qui mettent à mal le pays se retrouvent au sommet même de l’Etat. Un tour rapide sur le site du MCC permet aussi d’apprécier les scores du Togo dans les différents domaines.
La ligne médiane est située à 60, on peut constater que dans la catégorie « Rule of Law » ( Etat de droit) le Togo est à 55/60), Freedom of information 58/60 , Natural ressources protection 79/60 , Immuniszation Rate taux de vaccination) 58/60 , (girls primacy education completion rate 65/60 , « Political rigths 18/60 », Civil liberties 30/60 Control of corruption 64/60 , Gender in the economy 100/60, Inflation 72/60. Les critères qui concourent à recaler le Togo sont, entre autres : Child health-17/60, Government effectiveness 34/60, Land right and access 8/60, Access to credit 50/60, Fiscal policy 30/60, Regulatory quality 49/60.
Pour le gouvernement de Faure Gnassingbé engagé dans ce processus depuis 2012, le bout du tunnel est encore loin, peut être difficile à atteindre, lorsqu’on observe l’agitation particulière des prédateurs de la presse qui s’activent à réduire au silence certains médias, et surtout le jeu qui consiste à noyer les élections locales dans un dilatoire sans fin.
Le Burkina Faso, après un an de règne du Président Marc Christian Kaboré, est élu au programme compact du MCC alors que depuis plus de 5 ans, le Togo peine à valider des critères même les plus élémentaires. L’on se demande si les fonds mobilisés depuis 5 ans pour organiser les séminaires, les voyages, payer les frais d’expertise des soi-disant experts recrutés pour aider le Togo à se faire élire ne dépassent pas déjà la cagnotte attendu du MCC.