Une radio privée suspendue et une ligne de téléphone, destinée à recevoir des témoignages d'incidents, coupée. La surveillance des législatives togolaises par des associations a été entravée par les autorités du pays, selon la société civile locale.
Pas évident de surveiller le déroulement des législatives au Togo. La plateforme Nukpola - témoin en Ewé, langue locale -, mise en place par quelques organisations de la société civile togolaise, en a fait l’amère expérience. Lancée sur la Toile quelques heures avant le début du scrutin, le 25 juillet, dans le but de « permettre aux citoyens de signaler tout incident par SMS et email ou en se connectant directement sur le site internet », Nukpola été « sabotée », disent ses initiateurs.
« Pendant des semaines, nous avons communiqué aux Togolais un numéro de téléphone par lequel ils pouvaient nous envoyer leurs témoignages sur le déroulement du vote dans leur circonscription, mais le jour du scrutin, à la mi-journée, nous avons constaté que la ligne ne passait plus », explique Maxime Domégni, à l'origine du projet. Un nouveau numéro, français cette fois-ci, a été vite intégré pour continuer à recevoir les témoignages.
"Censure"
Mais la « censure du numéro initial » a stoppé net l’« engouement » autour de Nukpola. Car « au Togo, comme dans beaucoup de pays africains, les populations ont plus la facilité de communiquer par téléphone que sur internet », rappelle Maxime Domégni, qui soupçonne - sans preuve - « certaines personnes proches du pouvoir » d’être derrière le coup.
« Beaucoup dans le camp du président Gnassigbé regardaient Nukpola d’un mauvais œil avant même son lancement. Tantôt ils nous accusaient d’être manipulés par l’opposition, tantôt d’avoir été embauché par l’Occident pour déstabiliser le pays », poursuit Maxime Domégni.