Lomé - Plusieurs centaines de personnes, dont des journalistes, ont manifesté mardi à Lomé pour protester contre le retrait de fréquences de deux médias privés qui émettent depuis 10 ans, a rapporté un journaliste de l'AFP.
La Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication au Togo (Haac) a retiré le 6 février, les fréquences de La Chaîne du Futur (LCF) et de la radio City FM, pour n'avoir pas rempli les "formalités préalables d'autorisation".
A l'appel de treize organisations de la société civile, les manifestants ont arpenté pendant plus de deux heures des artères de la capitale togolaise sous la surveillance des forces de sécurité. La marche s'est déroulée sans incident.
"La décision de la Haac est illégale. C'est une restriction de la liberté d'expression. Nous exigeons la reprise immédiate et sans conditions des activités des deux médias", a déclaré à l'AFP Emmanuel Sogadji, président de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT). "Nous recommandons à la Haac de garantir et d'assurer la liberté et la protection de la presse et des autres moyens de communication, conformément à la Constitution".
LCF et la radio City FM, qui appartiennent au groupe Sud Média, "n'ont obtenu aucune autorisation préalable avant de commencer à émettre en 2007", avait déclaré le 7 février Mathias Ayena, deuxième rapporteur de la Haac. "Nous demandons simplement aux responsables de ces organes de faire une demande en bonne et due forme et nous allons analyser", avait-il ajouté.
Les responsables du groupe Sud Média ont jugé la démarche de la Haac "illégale", assurant que "toutes les démarches" avaient été effectuées pour soumettre le dossier. "Nous avons saisi la Cour suprême, la Haac ayant violé les textes qui la régissent", a confié Luc Abaki, directeur général du groupe Sud Media. "Nous ne voulons pas défier l'autorité de régulation, raison pour
laquelle nous avons suspendu nos émissions".
Les deux médias ont cessé d'émettre depuis le 7 février, quelques heures après la décision de la Haute autorité.
Dans un communiqué, l'ONG Amnesty International avait dénoncé "une attaque contre la liberté d'expression", estimant cette "sanction disproportionnellement lourde au vu des faits reprochés".
Plusieurs associations de journalistes au Togo ont aussi condamné la décision de la Haac qui selon elles, "réduit l'espace de liberté et porte atteinte à la pluralité ainsi qu'à la diversité du paysage médiatique togolais".
L'autorité de régulation avait déjà fermé plusieurs médias en 2013, notamment la radio Légende FM pour "multiples dérapages", affirmant qu'elle diffusait de fausses informations durant les législatives.
Au Bénin voisin, trois médias proches de l'opposition - E-Télé, Eden TV, et Radio Soleil - avaient également été suspendus fin novembre-début décembre, avant d'être à nouveau été autorisés à émettre fin janvier par l'autorité de régulation de l'audiovisuel béninoise.