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Liberté N° 2405 du 28/3/2017

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Togo/Réconciliation à sens unique?
Publié le mardi 28 mars 2017  |  Liberté


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« Diminuez votre prétention à la domination et tout à coup, il y a possibilité de réconciliation »,(Denis St-Pierre).



Le la de la réconciliation nationale est-il déjà donné?

Demain, le Haut-Commissariat à la Réconciliation et à l’Unité Nationale (HCRRUN) entre dans la phase décisive de sa mission. Le gouvernement ouvrira officiellement le bal des indemnisations. Bénéficiant d’une première enveloppe de 2 milliards FCFA, – ce n’est pas trop tôt -, la commission « Awa Nana Daboya »trouve, enfin, du grain à moudre et s’éloignera davantage des polémiques inutiles dans lesquelles elle s’est empêtrée tout récemment avec le Chef de file de l’opposition. Un palier vient d’être franchi. Sur les 22 000 victimes enregistrées, 7 000 pourront recevoir leur «réparation ».

Certes, les Togolais qui sont devenus orphelins suite au psychodrame de 2005 ne verront pas leurs parents ramenés à la vie. Les parents ne retrouveront pas non plus leurs enfants emportés par ces actes de barbarie perpétrés au nom d’un pouvoir enivrant. Les mutilés ne retrouveront pas l’usage des membres qu’ils ont perdus. Et comme toute réparation dans un processus de justice transitionnelle, celle-ci aura une valeur absolument symbolique. Si les survivants peuvent voir leurs peines soulagées un tant soit peu, le jeu en vaudra la chandelle. Cependant, la réconciliation ne se décrète pas. La nécessaire catharsis sociale passe par la révélation de toutes les atrocités commises par les bourreaux. Hélas cette étape avait tourné à un cirque où ces derniers, loin de toute posture d’hommes contrits, ont servi leurs boniments. Chronique de crimes sans coupables?

Pour une réconciliation nationale vraie, sincère, chacun doit faire sa part et répondre à l’appel du Prélat. Mais les victimes connaissent elles vraiment leurs agresseurs ou ceux qui ont été à l’origine de leurs souffrances éternelles? Les miliciens ont-ils été identifiés ? Les militaires au secours du régime Gnassingbé ont-ils fait amende honorable ? Et El-Hadj Abass Bonfoh, le négationniste des atrocités de 2005 ? A-t-il pu retrouver ses esprits, lui qui, assumant l’intérim de la Présidence de la République en 2005, a prétendu plus tard n’avoir vu aucun mort ? Que d’étapes bâclées…Mais on y est. Le secret de la réconciliation réside dans le pardon. Les victimes sont donc invitées à trouver en elles les ressources nécessaires pour pardonner à leurs bourreaux. Néanmoins la réconciliation peut-elle être un processus à sens unique ?

Il est indéniable que c’est Faure Gnassingbé qui a créé la CVJR. Et a priori, ce geste politique pourrait traduire une certaine volonté politique de réconcilier le Togo avec lui-même. Cependant, que de temps a-t-il fallu pour mettre en place le HCRRUN… que de temps encore pour libérer la première enveloppe et donner un sens à l’existence de cette institution. Bon an mal an, les victimes des violences à caractère politique peuvent espérer un geste, aussi symbolique soit il. Gérer le douloureux héritage des violences du passé ne se résume pas à apaiser les victimes des violences à caractère politique.


La garantie de non répétition des exactions reste le meilleur gage pour les populations. Sur ce plan en revanche, le «plus jamais ça sur la Terre de nos aïeux !» de Faure Gnassingbé s’apparente davantage à une profession de foi trompeuse.

Clairvoyante, la commission « Monseigneur Barrigah », après avoir diagnostiqué les racines du mal togolais, a recommandé un certain nombre de réformes constitutionnelles et institutionnelles à matérialiser. Pour l’heure, la commission d’intellectuels mise en place pour ce faire, semble vouloir se faire prier. Dans l’optique de la réussite du processus de réconciliation nationale, Awa Nana exhorte les populations à faire leur part. Et même les confessions religieuses à jouer le rôle qui est le leur, celui de laver le sang qui a coulé indûment sur le sol togolais.

Mais Faure Gnassingbé fait-il réellement sa part ? La Commission lui rappelle-telle la nécessité de diminuer sa prétention à la conservation du pouvoir pour donner une chance à la réconciliation nationale ? Mme Awa Nana Daboya, vous qui, ironie de l’histoire, êtes placée à la tête de la Commission d’intellectuels chargée des réformes constitutionnelles et institutionnelles, le peuple a les yeux rivés sur vous.

Meursault A.

Liberté N° 2403 du 23 Mars 2017

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