L’Afrique fait-elle réellement face à « la pire crise humanitaire depuis la Seconde Guerre mondiale» ? Cette déclaration choc, faite par les Nations unies et relayée par les médias et les ONG afin de recueillir des dons, cache des réalités plus complexes… et une part de stratégie.
«Famine ». Ce maudit mot, avec son cortège d’images d’enfants africains décharnés, fait depuis peu son grand retour à la une des journaux du monde entier. Depuis les terribles épisodes du Biafra, de l’Éthiopie ou de la Somalie, ce spectre provoque effroi et mobilisation, bien au-delà des classiques « crises alimentaires ».
Ces dernières semaines, les ONG se sont donc rangées derrière cette bannière pour lancer leurs appels aux dons, invoquant l’état d’urgence et brandissant la menace de voir mourir par millions Nigérians, Somaliens, Soudanais du Sud et Yéménites – dont les pays sont les plus touchés cette année.
L’agitation est telle qu’elle a même suscité des initiatives sur la Toile. Jérôme Jarre, vedette française des réseaux sociaux, a ainsi permis de récolter 2 millions de dollars (1,8 million d’euros) en quelques jours en demandant à des stars internationales de relayer son appel à aider la Somalie.
Ce branle-bas de combat, c’est l’ONU qui l’a lancé, le 10 mars, avec une déclaration choc au Conseil de sécurité. Autour de la table ronde, ce jour-là, le secrétaire général adjoint, Stephen O’Brien, déclare que « 20 millions de personnes font face à la faim et à la famine ». « Nous sommes confrontés à la plus grave crise humanitaire depuis la création de l’ONU », martèle-t-il sans craindre les superlatifs. En guise d’antidote, l’institution new-yorkaise réclame 4,4 milliards de dollars aux pays donateurs. Et pour parvenir à ses fins, rien de tel que de convaincre leurs opinions publiques respectives.
Des prévisions apocalyptiques
Des alertes qui succèdent à tant d’autres lancées ces dernières années. À Madagascar, en août 2016, le directeur général de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), José Graziano da Silva, avait déjà comparé la situation dans le pays à la grande famine somalienne de 2011.... suite de l'article sur Jeune Afrique