Par décret pris en Conseil des Ministres le 19 janvier 2017, portant création, organisation et fonctionnement du Conseil National de suivi de la Décentralisation (CNSD), le Gouvernement togolais a donné un coup d’accélérateur à ce dossier qui est l’une des revendications politiques majeures de l’opposition togolaise.
Cette mesure, comme il fallait s’y attendre, a suscité de nombreuses réactions de la part des différentes composantes de l’opposition après la nomination des membres du Conseil. D’une façon spontanée, chaque parti, de son côté, a exprimé ses préoccupations au Ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales. Ainsi, chaque composante de l’opposition a pris soin d’exprimer ses points de désaccords ou proposer des solutions.
Pour notre part, nous trouvons que la démarche de l’opposition est dans l’ordre des choses. Au jour d’aujourd’hui, la balle est donc dans le camp du pouvoir. Ça, c’est pour la forme. En ce qui concerne le fond, c’est une autre paire de manches. Nous estimons, pour ce qui nous concerne, que le Gouvernement a le devoir d’agir et l’opposition, pour sa part, doit réagir. C’est de la sorte que s’établit le débat politique dans une République qui se respecte.
S’il faut parler du fond, nous ne saurons trancher, parce que ce n’est pas notre rôle. Toutefois, nous rappelons à l’attention des protagonistes de la scène politique togolaise que la démocratie, c’est la dictature de la majorité. En clair, cela veut dire que lorsqu’on est majoritaire, on jouit d’un privilège auquel on ne saurait renoncer pour faire plaisir à une opposition minoritaire.
Dans le contexte qui est le nôtre au Togo, le pouvoir ne saurait accepter la règle paritaire, ni consensuelle.
D’abord, nous devons convenir de ce que nous voulons faire et éventuellement redéfinir les règles du jeu politique si c’est nécessaire.
Les positions du pouvoir et de l’opposition divergent sensiblement parce que l’opposition soutient mordicus que le Togo est en crise. En revanche, le pouvoir dit que la crise appartient au passé et que le pays s’est normalisé. Telle est également la position de la communauté internationale vis-à-vis du Togo. Autrement, la coopération avec les bailleurs de fonds ne serait pas à son stade actuel.
La nuance dans ces différents cas d’école, c’est que pour l’opposition, s’il y a crise, il faut un consensus pour sortir le pays de l’impasse d’où la recherche absolue de la parité dans la mise en place de certaines structures nationales, comme par exemple, le Conseil National de Suivi de la Décentralisation.
Ce qu’il faut comprendre face à ces positions divergentes facilement réconciliables, c’est qu’en démocratie, le consensus est exceptionnel et que le parti au pouvoir ne saurait, nulle part, concéder à son opposition la parité si le rapport de force ne l’y oblige.
Les respon-sables de l’opposition doivent savoir raison garder. Autrement, comme toujours, ils iront vers le blocage et l’impasse. Or, il se trouve que la décentralisation doit entrer dans sa phase active. C’est devenu un passage incontournable. Les différents acteurs doivent savoir qu’il vaut mieux agir sur le terrain le moment venu plutôt que vouloir tout régler sur papier dans une salle de négociations.
Le temps presse désormais et chaque partie doit mettre un peu du bémol.
La réaction de l’opposition est tout à fait normale. Il faut que le pouvoir, de son côté, lâche un peu du lest et les choses se feront dans l’intérêt général.
Nous devons sortir des sentiers battus et faire preuve de pragmatisme. Notre pays a toutes les chances de réussir. Nous devons le savoir et faire en sorte que l’image du Togo soit rehaussée. Et c’est ainsi que la politique chez nous sera civilisée comme nous en constatons le début maintenant.