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Adrien Diouf: “Les Etats de l’UEMOA vont lever 3.000 milliards de FCFA via l’Agence UMOA Titres”
Publié le lundi 24 avril 2017  |  Financial Afrik




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Comme ce fut le cas en 2016, les Etats mobiliseront sans doute 3000 milliards de FCFA (4,5 milliards d’euros) à travers le guichet de l’Agence UMOA-Titres. Ce service créé en 2013 fonctionne par adjudication, ce qui, explique Adrien Diouf, permet tout de suite de saisir l’opinion du marché sur un titre, un émetteur ou un crédit. Exclusif.



Que peut-on retenir de l’année 2016 et du premier trimestre 2017 chez UMOA-Titres?

Adrien Diouf : Nous enregistrons une progression d’environ 20% en termes de volumes levés entre 2015 et 2016. Et cela c’est nonobstant le type de titres, que ce soit les titres à court termes ou les titres à long terme. Il y a une augmentation sur tous ces compartiments. Bref, nous enregistrons une forte progression en termes de volumes levés, notre principal baromètre de réussite. Celà dit, nous devons tempérer car la dette est une question sensible. L’on ne peut croître éternellement sous peine de courir le risque de surendettement. Le processus d’endettement est une activité contrôlée et suivie de près par diverses institutions dont les assemblées nationales, les institutions de Bretton Wood, les Etats, la Banque Centrale, la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) et nous mêmes. A date, les pays de la zone UEMOA respectent le plafond de 70% du PIB à ne pas dépasser.

UMOA-Titres est nés en 2013. Comment a évolué l’endettement des Etats sur la période 2013-2017?

C’est vrai que sur le papier, nous sommes nés en 2013, mais nous avons véritablement commencé nos activités au début de l’année 2014. Effectivement si on trace un bilan des volumes levés et du stock des dettes de nos Etats de 2014 à ce premier trimestre, nous auront des augmentations annuelles situées entre 20 et 25% sur l’activité des titres. Mais il ne faut pas oublier que la dette n’est pas uniquement constituée de l’activité titres.


Il y a aussi des prêts bilatéraux, tout ce que les Etats peuvent nouer entre eux en termes de contractualisations, de financement avec des tierces parties, notamment des multilatéraux, des bilatéraux ou des institutions privés. Donc la réponse serait moins directe et moins globale, si on prenait la dette dans son entièreté. Ce qu’il faut dire, c’est qu’il y’a eu un report du mode d’endettement des Etats vers les titres, ce qui explique cette croissance des volumes enregistrés à travers notre guichet. Cette évolution est normale. Nous sommes dans un monde où la dette privée est en forte croissance. Les Etats ont identifié les marchés financiers comme un des vecteurs qui doivent permettre de financer leurs plans de développement. D’où leur attitude progressiste et agressive sur les marchés. Mais cela ne veut pas dire que l’endettement tout azimut est à promouvoir. Je pense que le bilan est très contrasté d’un pays à l’autre. Il faudrait qu’on considère le processus pays par pays. Mais ce que je peux dire en constat général c’est que l’ensemble des pays sont en dessous du seuil de 70% de la dette globale du PIB, critère de convergence de l’UEMOA.



Est-ce que ce dynamisme d’intervention des Etats ne risque t-il pas de provoquer une pression des liquidités du marché et de ce fait renchérir les conditions de financements pour les acteurs privés ?

C’est vrai, plus on va emprunter, plus il y’ aura des pressions sur la liquidité du marché. Maintenant, il faut faire la différence entre endettement public et endettement privé. Même si le premier est toujours un baromètre pour le second. C’est un consensus général sur les marchés financiers qui consiste à admettre que le coût de la dette de l’endettement du privé se définit en dessous de la dette souveraine en termes de marge et de spread. Donc, effectivement, quand la dette souveraine monte, la dette privée a tendance à suivre. Dans l’absolu, ce schéma n’est pas toujours vrai. D’autres critères entrent dans la formation du spread, notamment l’information disponible sur les sociétés.


La corrélation directe entre progression des coûts de l’endettement public par rapport à l’endettement privé peut être une première interprétation qu’il faudrait compléter par des analyses plus poussées. Mais là aussi, il faut procéder par le cas par cas. Ce qu’on peut dire si on revient sur notre endettement à nous c’est qu’effectivement, les coûts de l’endettement public ont augmenté. Nous avons observé une remontée durant l’année 2016 après une baisse durant l’année 2015. La tendance s’est poursuivie sur le premier tiers de l’année 2017. Ces fluctuations restent tout à fait normales dans l’environnement dans lequel nous évoluons.

Quel est l’apport des compagnies d’Assurances, des caisses de retraites et autres dans l’animation des marchés des bons du trésor?

Leur apport est important. Ce sont les principaux acteurs du marché et, particulièrement, de notre compartiment à nous, qui gère le marché par adjudication contrairement aux opérations de syndication appelées encore Appel Public à l’Epargne, qui font beaucoup plus place à l’épargne individuel et privé. Notre guichet quant à lui est principalement animé par des institutionnels. En effet, entre 80 et 90% de notre activité est tenue par les banques, les 20% restants étant repartis entre les sociétés d’assurances, les caisses de retraites, et d’autres investisseurs institutionnels, qui peuvent être des structures ayant une certaine aisance et certaines liquidités. Voilà comment notre activité est dispatché.


L’on note la prépondérance des banques tout en relevant une forte progression des placements des compagnies d’assurance. Néanmoins, la proportion 80-20 est restée vrai malgré l’accroissement du volume global. Ce qui veut dire qu’en nominal, les sociétés d’assurances ont quasiment multiplié par 1.5 leurs participations sur les marchés des titres publics. Et on espère que la tendance va continuer. Ces acteurs ont rôle particulier à jouer sur ce marché là, notamment quand viendra le moment de s’occuper de la question de l’allongement des maturités.Aujourd’hui notre marché lève aisément à 7 ans. Un peu moins aisément quand on commence à parler de 10 ans et plus. Si on veut creuser le plafond de verre au dessus de nos têtes, je parle des maturités à dix ans et plus, il faudra attirer des acteurs comme les assurances vie qui, eux, ont des visions sur le long terme.

Justement, y-a-t-il des incitations fiscales pour attirer ces profils d’ acteurs ? Est-ce que le fait que chaque Etat soit souverain sur sa fiscalité ne crée pas des disparités ?

La réponse est dans la question elle-même. Effectivement, les Etats ont deux modes d’actions. Soit, ils défiscalisent totalement ces titres là. Mais, ils ne peuvent appliquer cette défiscalisation qu’à leurs subordonnés. Ce qui veut dire que l’Etat émetteur défiscalise pour ceux qui sont imposables dans son pays. Se pose donc la question de la fiscalité des non résidents dans le pays d’émission. Pour vous en donner une idée, quand vous considérez le portefeuille d’un Etat, environ 40% des titres publics sont achetés par des résidents. Les 60% restants sont répartis entre les résidents des autres pays de l’Union et l’étranger. Donc l’Etat n’a pas la main sur 60% de ses investisseurs, il n’a pas de maîtrise fiscale. C’est une problématique que nous avons identifié au niveau de l’agence.

Nous sommes entrain d’en discuter avec l’ensemble des Etats dans le but d’uniformiser cet aspect. Dans l’espèce, cela explique en partie que notre marché secondaire n’est pas aussi fluide qu’on aimerait qu’il soit. Aussi, au niveau du pricing, apparaissent des arbitrages fiscaux qui ne sont pas souhaitables dans une union monétaire. Bref, nous allons très rapidement lancer, en collaboration avec la commission de l’UEMOA, une étude sur la fiscalité des titres publics qui, on l’espère, va conduire à l’uniformisation de la fiscalité des titres. On ne parle pas forcément de défiscalisation mais d’uniformisation. Que tous les acteurs de l’union soient logés à la même enseigne et que, fiscalement, qu’il n’y ait pas de différence entre les résidents de l’UEMOA. Ça nous permettra encore plus de sanctuariser cette Union monétaire et ce marché financier unique.



Alors, Adrien Diouf, c’est la minute pédagogique. Il y a beaucoup de confusion entre le rôle de l’agence UMOA-Titres et celui du compartiment obligataire de la BRVM. Pouvez-vous revenir sur les différences fondamentales entre ces deux compartiments ?

L’Agence UMOA-Titre est une structure qui a été crée par l’ensemble des Etats de l’Union, c’est une structure sous régionale dotée d’une personnalité juridique mais sans capital. Elle est gérée par les Etats qui sont les seuls bénéficiaires de ses services. Nous avons deux missions: accompagner les Etats dans leurs stratégies d’endettements privés sur les marchés, que ce soit sur le marché par adjudication, que ce soit sur le marché par syndication ou à l’international. Les Etats peuvent faire appel à nous pour les conseiller et les accompagner. Nous avons des spécialistes dans ces différents domaines. En plus de cette première mission d’accompagnement et de conseil, nous avons la charge d’animer ce que nous appelons le marché par adjudication, créé par la banque centrale à la demande des Etats pour se substituer à l’ancien système d’avance. Ce marché est uniquement dédié aux Etats, seuls habiletés à y lever des fonds selon le principe de l’appel d’offre et du meilleur offrant. On considère que l’argent est une denrée sur laquelle il n’y a pas de différenciation.


La seule manière de différencier est de regarder le coût auquel les acteurs économiques prêtent leur argent. Donc, nous avons mis en place un système en collaboration avec l’ensemble des banques de l’Union. A chaque fois que les Etats ont un besoin, nous envoyons un avis d’appel d’offre spécifiant le montant et la durée. Les agents qui répondent à l’appel d’offre précisent à quels coûts ils peuvent répondre à la sollicitation. Nous choisissons naturellement les meilleures offres, c’est à dire le coût le moins cher pour l’Etat. Voici en résumé le principe du marché par adjudication.

De l’autre côté, nous avons le marché par syndication qui relève, lui, de la démocratisation de l’appel public à l’épargne organisé sous l’égide de la Bourse des valeurs mobilières d’Abidjan. Sur ce compartiment, les Etats peuvent lever des fonds tout comme les institutions du secteur privé. Le mode de syndication est différent du mode par adjudication, dans le sens où on est sur un mode que les anglophones appellent « You take it or you leave it » donc « vous prenez ou vous laissez ».


L’Etat dit je peux emprunter tel montant sur telle durée à tel taux d’intérêt. Alors, on donne mandat à un certain nombre d’acteurs, les SGI, pour commercialiser ce produit là. Donc, ils viendront proposer l’offre aux agents économiques. Le prix est défini stricto-sensu par l’Etat, n’offrant pas la possibilité aux acteurs de définir le prix auquel ils souhaiteraient l’acheter. Donc, tout le monde achète le même produit au même prix. Ce produit est beaucoup plus simple à comprendre, à démocratiser et à adresser à l’épargnant final. Partout dans le monde, les marchés ont commencé par la syndication qui, petit à petit, a évolués vers l’adjudication, devenu le mode privilégié de financement des Etats pour la dette souveraine. En ce qui concerne le secteur privé, il s’agit d’un autre débat que nous aborderons certainement une prochaine fois.

Vous projetiez en 2016 une série de réformes comme l’encadrement du marché par l’introduction de spécialistes en valeurs du trésor, la construction des courbes de taux pour les émetteurs et la notation financière des Etats. Est ce que ces objectifs ont été atteints ?

En fonction de chacun des critères, des étapes majeures ont été franchies. En ce qui concerne les spécialistes en valeurs du trésor, ce sont des acteurs qui sont totalement intégrés dans le secteur financier. Nous sommes quasiment entrain de faire le bilan de la première année d’activité. Donc c’est un objectif qui a été atteint à 100%. Et on va dresser le bilan pour voir ce qu’il faut en faire et quel a été leur apport dans le processus de levées de fonds. En ce qui concerne la réforme, là aussi, un pas majeur a été franchi.


On a discuté avec les Etats, on a convaincu un certain nombre d’entre eux d’aller vers la notation qui est une démarche volontaire. Ce n’est pas une obligation mais une forte demande du marché pour rompre l’asymétrie d’information. Nous avons cinq Etats intéressés par la question. Un processus pratique est entrain d’être mis en place. Comme vous le savez, ce n’est pas l’agence UMOA-Titre qui note, nous ne sommes que le catalyseur. Ce sont des agences externes qui notent. Nous sommes entrain de prendre les dispositions avec ces agences là pour qu’on puisse, courant 2017, procéder à la notation. L’avantage étant de diminuer les coûts car un investisseur mieux informé est un investisseur qui appréciera mieux les risques et demandera ainsi une rémunération moindre lors de ces opérations.

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