Lors de son investiture, le 6 avril 2016, le président béninois Patrice Talon promettait un nouveau départ. Son programme, qui a suscité autant d’enthousiasme que de perplexité, soulève aujourd’hui des interrogations au sein même de la majorité.
Pendant dix ans, le style de Thomas Boni Yayi aura façonné le rapport des Béninois à la politique. Patrice Talon, qu’ils ont confortablement élu en mars 2016, est un chef d’État totalement différent tant dans ses méthodes que par son caractère. Et c’est peu dire que le changement de président a fait l’effet d’un bouleversement. Disons les choses clairement : le style Talon a considérablement surpris les Béninois. Et, un an après son arrivée, ils semblent de plus en plus s’y opposer.
«C’est vrai qu’il y a actuellement de fortes oppositions. Mais cela passera. Je suis persuadé que les résultats de ma politique se feront sentir dans un ou deux ans », a récemment confié le président à l’un de ses visiteurs du soir. Pourtant, aujourd’hui, alors que les conséquences de la crise économique au Nigeria plombent l’économie du pays, le caractère « heurté » de sa gouvernance passe mal.
Ce que montre le sort funeste qui vient d’être réservé au projet de révision constitutionnelle. Le 24 mars, les députés ont refusé à l’unanimité d’en débattre en procédure d’urgence, des manifestations contre le texte ont suivi et, le 4 avril, l’Assemblée nationale a rejeté la recevabilité du projet, qui ne sera donc même pas examiné. Au cas où on en aurait douté, il y a donc bien une opposition face à l’exécutif et, même si ce dernier bénéficie d’un fort soutien dans l’hémicycle, il y existe aussi une minorité de blocage.
Premières contestations
Talon semble vouloir tout, tout de suite. Et tant pis si cela donne lieu à de vives contestations, comme ce fut le cas au moment du lancement des opérations de déguerpissement à Cotonou, en janvier. Si beaucoup estiment qu’elles sont nécessaires pour récupérer l’espace public illégalement occupé et assainir la ville, l’absence de compensation pour des populations vivant dans des conditions déjà précaires choque.