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Interview exclusive: L’Ambassadeur SANDER revisite l’histoire Togo-Allemagne et «espère bien être à Lomé pour suivre les élections locales»
Publié le jeudi 27 avril 2017  |  Corps diplomatic Togo


© aLome.com par Parfait & Edem Gadegbeku
Officialisation de l`octroi d`un important don de l`Europe au Togo
Lomé, le 22 juin 2016. Siège de la Représentation de l`UE au Togo. Signature de documents conjoints de programmation pour les 6 ans à venir entre l`UE, la France, l`Allemagne et le Togo. Cette signature faite en présence des officiels de ces pays officialise l`octroi d`un don de près de 715 millions d’euros, soit près de 470 milliards de francs CFA à la République togolaise. Un don qui fait de l’Europe le principal partenaire au développement du Togo.


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Le Togo et l’Allemagne sont liés par des relations historiques. Dans une interview que Son Excellence Christoph SANDER, Ambassadeur allemand en poste à Lomé, a bien voulu accorder à la Rédaction de l’Agence « Corps Diplomatic Togo», il a passé en revue les grands axes de la coopération entre son pays et le Togo, les relations historiques, les investissements et les élections locales. Il a touché du doigt les attaques terroristes dont plusieurs pays sont victimes ces derniers temps et propose des pistes de solutions.


C’est ce 16 Avril 2017, jour béni du Seigneur, où les chrétiens de part le monde célèbrent la Résurrection du Christ, que la Rédaction de votre Agence, a choisi pour rendre publique cette interview réalisée 72 heures plus tôt. Lisez plutôt.


Bonjour Excellence et merci d’avoir accepté notre sollicitation.
Actualité oblige, la semaine dernière Lomé a abrité la deuxième édition du Printemps de la Coopération germano-togolaise. Excellence, pourriez-vous nous dresser un bilan ?


Oui avec plaisir. C’était vraiment une chose importante d’avoir une grande délégation d’Allemagne ici au Togo pour faire du business, pour chercher les opportunités pour les hommes d’affaires mais ce n’était pas seulement une délégation économique, il y avait une délégation parlementaire de Bundestag allemand et il y avait aussi des représentants des ONG allemandes donc de la société civile d’Allemagne. Nous avons organisé aussi des stands ici et il y avait les représentants des groupes allemands qui sont ici pour assister le Togo. Des organisations qui sont présentes ici, donc on a voulu présenter aux Togolais et autres Africains, vraiment toute la gamme de la coopération et de l’économie Allemande. Il y a eu quelques Mémorandums d’entente, il faut voir maintenant leurs réalisations et ça, c’est vraiment relève des hommes d’affaire et les femmes d’affaires. Je peux dire qu’après la première édition en 2016, il y avait quelque chose qui était vraiment réalisé avec succès.


Depuis 2011, nous remarquons un renforcement de la coopération Togo-Allemagne. Pourriez-vous nous dire, Monsieur l'Ambassadeur, ce qui explique cette redynamisation diplomatique?

Je crois qu’il faut vraiment aller jusqu’en 2008 avec la visite du Ministre des affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier à l’époque, qui est maintenant le président de la république fédérale d’Allemagne et l’année après en 2009, le président de la république togolaise (Ndlr: Faure Gnassingbé) était en Allemagne et donc après sa réélection en 2010, il y avait la visite du ministre de la coopération allemande ici au Togo. Ça c’était la décision politique. En 2012, nous nous sommes accordés entre les deux gouvernements de commencer vraiment avec trois grandes pistes de la coopération, ça veut dire formation professionnelle, développement rural et la décentralisation donc décision politique en 2011. Après 2012, les deux gouvernements ont renouvelé ces accords là en 2014 et en 2016. Et comme Ambassadeur, je suis fier que je peux dire que nous pouvions toujours augmenter le montant de l’assistance. De 37 millions en 2012, 40 millions en 2014 et 60 millions en 2016. Toujours pour 2 ans et je peux dire que ça c’est vraiment beaucoup d’argent, vu le fait que le Togo n’est pas un pays très grand. Donc en relation, c’est une coopération assez importante. Mais les racines politiques datent de 2008, la visite présidentielle de 2009, la visite du ministre de la coopération en 2011. On ne prend pas de telle décision comme ça. On fait des visites, on voit les progrès. On a vu les élections paisibles de 2010. Et ensuite ça a commencé.

Dans quels domaines précis, l'Allemagne intervient-elle, lorsqu'on sait que la réduction du taux de chômage et le développement des infrastructures demeurent la priorité des autorités togolaises?

Nous avons défini entre les deux gouvernements trois grands axes. Ça c’est vraiment le développement rural, c’est la formation professionnelle et la décentralisation donc trois grandes pistes, deux pistes assez traditionnelles ça veut dire formation professionnelle et l’agriculture et la troisième piste, la décentralisation, je crois une chose très importante et c’était le souhait du Togo de le faire.

La coopération allemande assiste cela. Nous avons aujourd’hui deux autres domaines notamment la santé et l’énergie. Donc cinq grands secteurs et les trois pistes clés qu’on va définir ça c’est vraiment l’agriculture, la formation professionnelle et la décentralisation.


De par les liens historiques coloniaux entre les deux pays, doit-on espérer de l’Allemagne une reprise du statut d'ancienne métropole du Togo?

Non cette époque-là est terminée et je crois que c’est vraiment terminé pour tout le monde dans les années 50 ou dans les années 60. La colonisation, c’est vraiment terminé. Ceci ne veut pas dire qu’il n’y ait plus des liens entre des régions comme le Togo. Les Togolais parlent français bien sûr ça c’est tout d’abord la France l’exemple culturelle, politique et économique mais il y a cette brève période de notre histoire commune , il y a un peu de nostalgie ici au Togo vis-à-vis de cela et je crois qu’on peut constater que pour le Togo et pour les Togolais, on pense toujours à cela et on voit que ce sont presque cent mille Togolais qui ont appris l’Allemand et parfois quand je suis en réunion avec un interprète, je vois que le partenaire Togolais commence à sourire avant la traduction ; donc je réalise que les gens comprennent toujours l’Allemand peut être pas de manière pour vraiment faire des négociations. Ils se souviennent un peu de leur époque au lycée mais on ne parle plus d’une situation de métropole et colonie. Ça, c’est passé.

Il y a quelques années, nous avons appris que le gouvernement allemand a reconnu le génocide perpétré à l'endroit des indigènes de la Namibie, l'un des pays colonisés par l'Allemagne. Un mausolée promis en mémoire de toutes les victimes sera financé par l’Allemagne. Est-ce que le geste similaire sera fait envers le Togo, lorsqu'on sait que la colonisation allemande au Togo n'a pas été, selon l'histoire, une chose si aisée comme dans bien d'autres pays africains?

Moi je suis l’Ambassadeur de l’Allemagne au Togo, je vais parler du Togo ; donc la colonisation vue d’aujourd’hui c’est écrit et c’est clair, ils se sont passés des évènements atroces. On a essayé d’imposer notre volonté sur les autres peuples au jour d’aujourd’hui, ce sont des choses qu’il faut vraiment déplorer ça c’est clair. A l’époque, c’était un peu différent; c’étaient les puissants d’Europe qui ont fait et pour le Togo je crois qu’on peut ajouter que pour les communautés et les rois du sud qui ont fait ce traité avec l’Allemagne, c’est un peu de la politique de leur part pour avoir un troisième pouvoir à côté des Anglais et des Français. Donc je crois que le pacte initial c’était presque un acte politique sur un niveau équitable parce qu’on ne voulait pas payer des impôts aux Anglais donc pourquoi pas invité ce troisième pouvoir là? La situation était bien sûr, différente au nord parce que quand Nachtigal venait ici, il y avait déjà une histoire des missionnaires d’Allemagne « Deutsch mission » et donc dans la région des Ewé ici il y avait des écoles déjà, il y avait des missionnaires donc un peu de préparation. Chose tout à fait différente au nord, c’était plutôt au nord ou on a vu les expéditions et parfois aussi des expéditions punitives. Je parle par exemple de l’évènement du 3 mai 1897 à Bassar et on va commémorer l’évènement le 3 mai prochain à Bassar, à Binaparba. Je crois qu’il est important de le faire. Laissez-moi expliquer un peu pourquoi. Quand je suis arrivé au pays, on a toujours raconté que les Allemands ont construit les bâtiments, nous avons construit les chemins de fer, c’est vrai ; après sont venus les Français et eux pouvaient utiliser les infrastructures déjà construites, donc ils n’ont pas eu à construire de nouvelles infrastructures. Donc les Togolais disent que les français n’ont pas construit quelque chose mais c’était seulement les allemands mais il y a une raison logique pour cela. On parle aussi que mon grand-père a travaillé pour les Allemands mais moi je n’avais jamais écouté parler des évènements atroces. Était venu ici me voir dans mon bureau, le ministre Gnofam qui est de Binaparba et il m’a invité pour cet évènement. Je crois qu’il faut aborder cela parce que si on ne connait pas le passé on ne peut vraiment pas facilement construire le futur. Je crois aussi que chaque génération des Togolais doit former leur propre façon de comprendre le passé. Et donc on va discuter un peu lors du 3 mai là ; j’espère que je peux parler avec des jeunes étudiants du lycée peut être un peu avoir un projet mais là je ne sais pas mais je crois qu’il est utile de penser à cela. Donc on ne peut pas vivre le passé, non ce n’est pas ça mais il est important pour la jeune génération de savoir, de connaitre le passé pour mieux être capable de décider sur leur futur. Et donc on a de bonne orientation culturelle. Entre les deux pays nous avons la coopération allemande. Nous avons des ONG allemande qui sont ici, qui construisent des écoles, des forages, des dispensaires, des CMS, tout cela existe aujourd’hui et je crois que même la plus part des gens actifs des deux côtés ne pensent pas toujours de cette époque coloniale mais c’était une époque de notre histoire et aussi de votre histoire et il est important d’en parler, de discuter et nous avons juste une exposition sur l’époque coloniale donc ça c’est vraiment une question importante.


Pourquoi malgré la coopération germano-togolaise, l’obtention du visa est difficile pour les jeunes qui veulent se rendre en Allemagne?


Non, il ne faut pas confondre les deux sujets-là. La question du visa, c’est assez simple. Le Consul doit former une décision sur le fait si la personne veut rentrer vers le Togo ou non. Comme il y a beaucoup de chômeurs, comme le Togo est un pays assez pauvre, comme beaucoup de jeunes au Togo n’ont vraiment pas un emploi suffisamment pour soutenir une famille, il y a beaucoup de raisons économique et social pour aller chercher de meilleures opportunités ailleurs. C’est normal, je comprends bien mais de notre côté bien sûr, chez nous on veut décider qui arrive ou non et si on peut accepter.

Donc la question pour le visa touristique c’est vraiment est ce que la personne a de bonne raison, est ce que la personne à des moyens pour le faire, est ce que la personne à des raisons pour rentrer chez lui au Togo. Un poste de travail bien payé, une famille ici, des choses comme ça. Et ça c’est vraiment la situation difficile ; mais il faut le dire aussi, nous avons chaque année des étudiants qui essayent de continuer leurs études en Allemagne et ça peut se faire, ça existe donc c’est difficile mais l’Allemagne est quand même ouverte aussi pour les Togolais, je crois que, je ne connais pas les chiffres exacts mais je crois que la plus grande majorité des applications sont décidées en faveur des Togolais. On a un taux élevé de refus mais la plus grande majorité est acceptée.


L’un de vos prédécesseurs, l’Ambassadeur Joseph WEISS, s’est beaucoup investi dans le chantier de la décentralisation et des élections locales au Togo. Mais ces élections n’ont pas eu lieu avant la fin de sa mission. Est-ce que ces élections pourraient se tenir au cours de votre mission?

Moi j’espère que oui mais comme la vie diplomatique exige que nous restons dans un pays pour 3 ans normalement, ce n’est pas de longue durée vraiment, les décisions, les évènements politiques se font sur un calendrier un peu différent. Je crois qu’il faut constater que les deux gouvernements se sont mis d’accord en 2012 de faire de la décentralisation une piste centrale de notre coopération.
La décentralisation mène éventuellement aux élections locales. Sont d’accord sur cela, les deux gouvernements. Il y avait l’atelier au mois de décembre 2016 sur la décentralisation et lors de cet atelier on a parlé d’un délai je crois entre 12 et 18 mois pour la réalisation donc ça veut dire qu’on entend réaliser cela dans la première moitié de l’année 2018. Tout le monde sait aussi que ce n’est pas facile qu’il reste beaucoup de choses à faire et je sais aussi que le gouvernement va présenter des projets de lois à l’Assemblée donc c’est ça. Maintenant c’est l’Assemblée qui doit décider aussi et on va voir mais j’espère bien être ici pour suivre les élections locales.


Pourquoi l’Allemagne est devenue le pays européen ciblé par des attentats ces derniers mois?


C’est une question très importante et je vous remercie pour cela parce qu’on a juste vu un autre attentat chez nous en Allemagne, on ne sait pas encore tous les faits mais il y a des indications que ça mène dans la même direction que tous les autres attentats.


Ça veut dire l’état islamique et les radicaux mais ce n’est pas seulement l’Allemagne qui est ciblée. Il faut vraiment réaliser aujourd’hui que cela peut se passer partout nous avons dans les mois qui sont passés des attentats en Orlando Florida, en Indonésie, en Turquie, à Petersburg, a Moscou, en France, en Allemagne, en Angleterre, en Côte d’ivoire, au Burkina Faso, au Mali, donc ce n’est pas seulement l’Allemagne qui est ciblée.


Le fléau du terrorisme islamique c’est vraiment un défi pour toutes les sociétés et donc je crois qu’il est vraiment important que les sociétés libres. Je crois qu’il est vraiment important que les sociétés libres soient solidaires et restent ensemble pour faire face à ce fléau et je peux constater que l’Allemagne et le Togo sont tous les deux partenaires pour la mission des Nations Unies au Mali MINUSMA. Chose importante parce qu’il faut y faire face. La chancelière Merkel était dans la région au Mali et au Niger pour parler avec les gouvernements et ce que nous faisons c’est l’assistance militaire mais aussi assistance dans la forme de la coopération donc c’est aussi que la stabilité, la sécurité sont importantes pour le développement mais il faut aussi créer des emplois pour les jeunes. Il faut être capable de donner un peu d’espoir aux jeunes donc il faut tous les deux. La stabilité sécurisée par les militaires mais aussi le développement et la création d’emplois. Ce n’est pas seulement l’Allemagne mais toutes les sociétés libres qui sont aujourd’hui ciblées par ce fléau.




Excellence, votre mot de la fin.


Je suis ici pour presque deux ans maintenant on vient de souffrir de la saison chaude je crois que être ambassadeur d’Allemagne ici au Togo, ou dans un pays où nous avons des liens historiques, dans un pays où je peux dire que le peuple est vraiment très ouvert, très amical vis-à-vis de l’Allemagne, ça fait du plaisir, ça me donne la force de travailler tous les jours pour les relations entre les deux pays pour la coopération Allemande et aussi j’espère pour atterrir plus d’investisseurs d’Allemagne pour créer des emplois ici. Je crois que ça c’est vraiment important, je suis aussi fière comme ambassadeur d’Allemagne que le plus grand investissement de l’étranger au pays dans la production c’est HeidelbergCement à Tagbligbo et Cimtogo à Lomé et à Kara on va ouvrir cela bientôt parce que je crois ça donne un peu cet exemple qu’il faut créer d’emplois, qu’il faut investir au pays, c’est pour cela que je suis fier d’être Ambassadeur d’Allemagne au Togo.


Monsieur l’Ambassadeur, Merci.


C’est moi qui vous remercie.



Interview réalisée par David Ricardo et Catherine NÜGLER
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