Le mardi 28 mars 2017, il y a tout juste un mois, à Accra au Ghana, l’ancien Premier Ministre britannique Tony BLAIR, a cru devoir s’impliquer dans les débats actuellement en cours en Afrique, en s’érigeant notamment contre la limitation du mandat présidentiel sur le Continent.
Si Tony Blair se permet de venir sous nos fenêtres, s’extasier sur l’inutilité de la limitation du mandat présidentiel, c’est qu’il feint d’ignorer, pour des intérêts qui lui sont propres, qu’en Afrique des militaires font irruption dans les bureaux de vote, arme au poing, pour emporter les urnes sous les bras. C’est en tout cas l’une des figures que présentent les processus électoraux dans un pays comme le Togo et qui justifie pleinement que pour empêcher le Chef de l’Etat en exercice de s’accrocher indéfiniment et indûment au pouvoir, une limitation constitutionnelle de mandat s’impose.
La limitation de mandat dans les pays africains devient ainsi un impératif capital pour le libre jeu de l’alternance politique et pour l’approfondissement de la démocratie. La quête des peuples africains pour le changement démocratique, l’alternance politique et l’instauration d’un Etat de droit respectueux des droits et libertés des citoyens demeurent le fil conducteur de la réédition de notre colloque sur le thème de l’alternance politique en Afrique.
Madame la Présidente de CAP 2015,
Mesdames et Messieurs les représentants du corps diplomatique et des organisations internationales,
Mesdames et Messieurs les Chefs de partis politiques,
Honorables Députés à l’Assemblée nationale,
Honorables Chefs traditionnels,
Distingués représentants des confessions religieuses,
Mesdames et Messieurs les militants et sympathisants de CAP 2015,
Honorables invités,
Mesdames Messieurs,
Je ne vous cache pas tout le plaisir que j’ai de vous accueillir à ce 2ème colloque organisé par CAP 2015, sur ‘’la problématique de l’alternance politique en Afrique’’. Il y a un peu plus de six mois, les 10 et 11 octobre 2016, notre premier colloque du genre, a connu un succès indéniable. Ce 2ème colloque est l’approfondissement du 1er qui semble avoir laissé beaucoup de participants sur leur soif.
Eh bien, comme nous l’avions annoncé en octobre dernier, nous allons donc nous offrir l’opportunité de prolonger les débats entamés et d’élargir les horizons de nos réflexions. Nous demeurons cependant conscients de ne pouvoir circonscrire le sujet, tant il est vaste par les multiples aspects contextuels qui sous-tendent les débats.
Nous sommes néanmoins certains d’une chose, c’est que l’alternance politique est pleinement garantie, dès lors que le système politique repose sur un socle de valeurs éthiques républicaines, privilégiant le respect de la Constitution et des Lois, avec des institutions qui fonctionnent de manière autonome et indépendante.
Les sujets retenus pour la présente édition, toujours actuels, sont, comme en octobre dernier, présentés par d’éminents conférenciers togolais et étrangers. Il s’agit des sujets suivants :
1) Libre accès aux médias et égalité des chances pendant les compétitions électorales en Afrique, par M. Francis KPATINDE, Journaliste, Enseignant à Sciences-Po Paris, le Modérateur étant M. Eric Dupuy.
2) Contribution des Confessions Religieuses dans le processus de démocratisation du Continent africain, par le R.P. Pierre Marie Chanel AFFOGNON, Directeur National de l’Enseignement Catholique, Aumônier National des Cadres Catholiques du Togo, le Modérateur étant Mme Brigitte ADJAMAGBO-JOHNSON.
3) La communauté internationale et l’alternance politique en Afrique par M. Albert BOURGI, Professeur des Universités, Journaliste et Consultant à Paris, le Modérateur étant M. Patrick LAWSON-BANKU ;
4) Rôle et responsabilité des élites africaines dans la démocratisation du Continent africain, par M. Godwin TETE, Historien et Ecrivain, Ancien Fonctionnaire des Nations Unies, le Modérateur étant M. Edem ATANTSI.
5) Le rôle de l’armée dans les processus de démocratisation en Afrique, par le Professeur Adovi Michel GOEH AKUE, Professeur d’Histoire à l’Université de Lomé, auteur et co-auteur de nombreux ouvrages, le Modérateur étant Me AMEGANVI Manavi Isabelle.
6) L’instrumentalisation politique de la diversité ethnique en Afrique, par le Professeur Komi WOLOU, Doyen de la Faculté de droit de l’Université de Lomé, le Modérateur étant M. Pascal ADOKO.
7) Entre démocratie et dictature en Afrique : rôle, responsabilité et compétence des Commissions Electorales Nationales, par M. Jean-Jacques TEKO, Economiste, Facilitateur en Gouvernance Electorale, le Modérateur étant M. Antoine FOLLY.
Mesdames et Messieurs les militants et sympathisants de CAP 2015,
Honorables invités,
Mesdames Messieurs,
Cette 2ème édition de notre colloque se tient au moment où le peuple togolais tout entier ploie sous le joug du régime autocratique qui régente le Togo de père en fils depuis plusieurs décennies.
En effet, depuis le crime crapuleux du 13 janvier 1963, le Togo est plongé dans la tourmente, englué dans une spirale de violence politique, de déni de droit et de justice, de violations massives des droits de l’homme, de falsification, de pillage et de bradage des richesses nationales.
Le 14 avril 2017, le régime RPT/UNIR, aura cumulé 50 années d’exercice continu du pouvoir d’Etat, réparties en 38 années pour Gnassingbé Eyadéma et 12 années pour son fils Faure Gnassingbé. C’est pour dissimuler à l’opinion cet exploit peu enviable dans une République, que le parti au pouvoir a organisé à grand frais une communication médiatique qui a consisté à commémorer un prétendu cinquième anniversaire de sa création. Comme si le corps qui subit la férule peut oublier la durée des souffrances indélébiles qu’il porte !
A cet égard, il importe de saluer le message de la Conférence des Evêques du Togo en date du 26 avril 2017, qui rappelle une fois encore : ‘’le principe de l’alternance politique avant d’être une valeur démocratique est surtout une exigence de droit naturel’’ !
Tout le pays est pris en otage par une dictature implacable qui a érigé l’impunité, les coups de force et le tribalisme, en règle de gouvernement.
Les Togolaises et les Togolais vivent une crise sociopolitique sans fin, ponctuée d’élections frauduleuses et sanglantes qui empêchent toute alternance et, partant, tout développement économique et tout progrès social.
Notre colloque se tient également au lendemain du 57ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance.
La proclamation solennelle de l’indépendance du Togo, le 27 avril 1960, donnait au peuple togolais tout entier, les promesses d’une aube nouvelle et prospère qui verra les filles et les fils du Togo, partager dans la Justice et dans la Fraternité, les fruits du Travail, de la Liberté et de la Patrie.
Aujourd’hui, cinquante-sept ans après, le constat est amer. Des prédateurs se sont accaparés du destin de notre jeune nation. Ils ont bradé l’indépendance si chèrement acquise, bafoué la dignité du peuple togolais, confisqué le pouvoir ainsi que les droits et libertés des citoyens et mis le pays et ses ressources en coupes réglées, en confinant les Togolaises et les Togolais à la misère et au dénuement.
Le combat de l’opposition togolaise qui amène CAP 2015 à organiser le présent colloque, vise à mettre fin à cette situation.
Honorables invités,
Mesdames, Messieurs,
Comme en octobre dernier, je suis persuadé que la pertinence des sujets nourrira des débats riches et féconds, porteurs de nos espoirs d’alternance politique et de changement démocratique.
Je souhaite pleins succès à nos travaux et je déclare ouvert le 2ème colloque de CAP 2015 sur la problématique de l’alternance politique en Afrique.