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Tribune: Éviter une nouvelle crise politique désastreuse au Togo
Publié le vendredi 12 mai 2017  |  Le Temps


© aLome.com par Parfait et Edem Gadegbeku
Débat citoyen sur la dernière Lettre épiscopale en date des évêques du Togo
Lomé, le 07 mai 2016. Salle HIBISCUS de l`Agora Senghor. Salle comble pour écouter le panel composé de Dany K. Ayida (Expert international en gouvernance et démocratie), Magloire Kuakuvi et Dr Joseph Tsigbé (universitaires), durant un débat citoyen sur la dernière Lettre épiscopale en date des évêques du Togo. Une grande première au Togo.


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Au Togo, la démocratie serait impossible: verrouillage des institutions au profit du pouvoir UNIR, débilité de l’opposition, inorganisation de la société. Mais la colère sous-jacente de la misère crasse du peuple pourrait déboucher sur une nouvelle crise politique « désastreuse ». C’est l’analyse du Togolais Dany Ayida, représentant de l’Institut national démocratique pour les affaires internationales (NDI) en RDC. Lisez plutôt.

Les constats et impressions que je partage ici sont issus de ma récente mission d’information et de contact au Togo, entre le 28 Avril et le 03 Mai 2017. En ma double qualité de citoyen togolais et collaborateur d’une organisation internationale d’appui aux processus démocratiques, j’ai eu l’opportunité d’échanger sur la situation politique du pays, avec des personnalités haut placées, tant dans la classe politique qu’au sein des institutions religieuses du corps diplomatique accrédité au Togo qu’au niveau des organisations de la société civile.

(Puisque j’ai publiquement annoncé ce voyage à mes amis de par le monde, j’ai le devoir d’en partager quelques conclusions. Je respecte néanmoins un devoir de réserve, quant à la teneur des discussions spécifiques et l’identité des personnalités qui m’ont fait le privilège de me rencontrer à Lomé et à l’intérieur du pays. Mon rapport de mission a été adressé à qui de droit.)

Le Togo s’achemine dangereusement vers de nouvelles élections ; alors que les réformes politiques préconisées de longue date et mille fois rappelées n’ont pas connu un commencement d’exécution. Les positions des protagonistes semblent inconciliables et les ingrédients sont réunis pour que le pays sombre dans un conflit que les principaux acteurs ont malheureusement du mal à appréhender.

Voici mes principaux constats :

Le président Faure Gnassingbé et son parti UNIR ont engagé des initiatives pour des réformes dont aussi bien la démarche technique et politique que les résultats ne peuvent que leur être favorables;

Il existe au sein du pouvoir, une forte résistance aux réformes constitutionnelles et institutionnelles susceptibles de déboucher sur une alternance à la tête du pays ;
L’opposition politique est très affaiblie : elle n’a ni les moyens ni la stratégie pour établir des rapports de forces en vue d’exiger et obtenir des réformes à l’Assemblée nationale et encore moins par la pression populaire ;


La société civile nationale n’est pas suffisamment active sur la question des réformes politiques ; ses positions sont inaudibles/invisibles et ses capacités d’action sont trop limitées ;
L’Eglise catholique du Togo, à travers ses Évêques a pris une option sérieuse en rappelant constamment les acteurs politiques et le peuple togolais à leur responsabilité, et en interpelant quant aux risques de détérioration de la situation sociopolitique, si les processus de réformes et de la réconciliation nationale échouent.


Au regard de ces constats, il y a lieu d’en appeler à l’intelligence des Togolais, au pays et à l’étranger, en vue d’œuvrer dans l’urgence pour ramener la classe politique à la raison. Nous avons assez d’éléments pour affirmer que la situation économique désastreuse dans le pays, l’inconséquence de la classe politique dirigeante et d’opposition et la désaffection générale visible au sein des populations, sont des indicateurs suffisants d’une descente aux enfers, si des consultations électorales sont organisées dans ces conditions.


Nous en appelons au Président de la République, aux responsables de l’Opposition, à la Conférence des Evêques du Togo, aux organisations consciencieuses de la société civile nationale, aux Togolais de l’Etranger pour :


Ouvrir des négociations sur la réforme de la constitution et la révision des normes relatives aux institutions en charge des élections ;
Adopter des mécanismes consensuels pour l’organisation des élections locales et législatives en 2018 ;

Convenir des modalités pour le soutien des Forces de défense et de sécurité au processus politique en vue d’une véritable gouvernance démocratique au Togo
Impliquer les Togolais de l’étranger pour leur participation effective dans la nouvelle dynamique politique ;

Adopter un Pacte social et politique, pour une gouvernance démocratique apaisée au Togo.
Il ne coûterait pas tant pour une paix des braves en vue de faire avancer la cause commune de la démocratie sur la Terre de nos Aïeux, que des séquelles graves d’une prochaine crise violente dont nos populations seront les victimes expiatoires. Il est plus que temps que notre pays change en profondeur et dans la vérité.


Que Dieu bénisse le Togo !

Dany Ayida, Citoyen Togolais

Expert en gouvernance et développement international

(www.danyayida.com)
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