par François Soudan
François Soudan est directeur de la rédaction de Jeune Afrique.
Si la défaite multiplie les couteaux, la victoire, elle, centuple le nombre de vos amis. Emmanuel Macron s’est donc découvert, au sein de la diaspora africaine en France, un nombre respectable d’«amis».
Sincères ou opportunistes, ouvriers de la première ou de la vingt-cinquième heure, agrégés pour la plupart au lendemain du premier tour quand la nécessité de faire barrage à Marine Le Pen était devenue une posture sans frais tant était puissant le fumet du triomphe, ces people du village africain de Paris offrent désormais leurs services.
Que certains d’entre eux soient des récidivistes, pour avoir dans le passé tenté leur chance auprès de Nicolas Sarkozy puis de François Hollande, importe peu. Tous sont prêts à « enseigner l’Afrique » au nouveau Président, lequel n’a du continent qu’une connaissance pelliculaire : six mois de stage à Abuja sous la houlette du dernier ambassadeur archétypal de la Françafrique d’antan, le très bienveillant Jean-Marc Simon.
Moins bien que le jeune Hollande (huit mois à Alger et une escapade en Somalie), mais nettement mieux tout de même que Sarkozy. Ce « vivier de compétences », pour reprendre les termes du collectif Les Amis de l’Afrique (et d’Emmanuel Macron) au sein duquel figurent les incontournables Fodé Sylla et Lionel Zinsou, a en ligne de mire l’hypothétique Conseil présidentiel pour l’Afrique.
Une structure, avec eux dedans, cela va de soi, dont l’idée a été lancée dans les colonnes de Jeune Afrique par Jean-Michel Severino, Hakim El Karoui et le duo franco-béninois Zinsou - Jules-Armand Aniambossou, dont le président Patrice Talon conserve un souvenir cuisant. L’initiative est intéressante, mais on ne saurait trop recommander à Emmanuel Macron, s’il la met en œuvre, d’être prudent : la Françafrique est une hydre, et il y a fort à parier que parmi les postulants au Conseil certains songent déjà à exciper de leur pseudo-proximité avec le nouvel hôte de l’Élysée auprès de chefs d’États africains en quête éperdue de réseaux d’influence.... suite de l'article sur Jeune Afrique