« Faure GNASSINGBE m’a dit qu’il ne sera pas éternel», dixit Awa Nana aux populations de Bè

Politique

Publié le jeudi 1 juin 2017 | Corps diplomatic Togo

© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Mise en oeuvre des réparations de la CVJR, le HCRRUN à Agoè
Lomé, le 23 mai 2017. Préfecture d`Agoènyivé. FOPADESC. Mise en oeuvre du "Programme Réparations" de la CVJR. Mme Daboya, Présidente du HCRRUN, a présenté les grands contours de ce programme aux populations d`Agoènyivé, dans un dialogue franc et constructif.

Vos outils

REAGISSEZ

Vidéos

Dans le dossier

Activités Gouvernementales et Conseil des ministres 2017

Le 31 mai, deuxième et dernier jour consacré aux populations de Bè par le HCRRUN, en vue de les informer sur les cinq formes de réparations prévues par la justice transitionnelle a été passé dans une atmosphère pas bon enfant. Tout a commencé quand des questions entre autres, sur le retard des réformes politiques, l’absence de la repentance des présumés auteur, les expropriations des terres et la responsabilité morale de Mme Awa NANA, juste avant la proclamation des résultats de la présidentielle de 1998 ont été posées par des invités à la rencontre.

Des gens très remontés n’ont pas compris pourquoi le HCRRUN ne met pas l’accent sur la repentance des présumés auteurs, or la justice transitionnelle sous entend le repentir des présumés auteurs contre le pardon des victimes.

Bien que le Contre-amiral ADEGNON, le Président de la délégation spéciale de Lomé, ait reconnu que « Lomé est meurtri dans sa chair » pendant ces événements, que « Bè, particulièrement, est la première victime et qu’il ait exhorté ses frères à poser des questions sans état d’âme et sans passion, certaines victimes de Bè ont exprimé leur désarroi en ce qui concerne la manière dont le processus avance.

La plupart des victimes ont l’impression que la phase des réparations ne prendra jamais en compte leur situation surtout les victimes qui n’ont pas été recensées par la CVJR. De plus, comme l’a bien signifié Awa NANA DABOYA à la population de Bè, des victimes qui seront indemnisées dans cette première phase toucheront moins d’un million de franc Cfa.

Beaucoup de victimes s’accordent à dire que les indemnités ne vont pas régler la crise togolaise et qu’il suffirait de matérialiser des réformes, pour que le Togo retrouve la vraie paix.

Pour plusieurs habitants de Bè, beaucoup de questions restent sans réponse. Par exemple, la question des expropriations de terre des collectivités Bè a été effleurée par la Présidente du HCRRUN qui leur a fait savoir que ces dossiers ne sont pas du ressort de son institution. Néanmoins, affirme t-elle, ces dossiers trouvent un début de solution avec la restitution de certaines parcelles aux collectivités. Pour le reste, elle pourra en discuter en tant que Médiatrice avec les expropriés. Cependant, Awa NANA rappelle encore une fois qu’une commission a déjà travaillé sur ces dossiers et les conclusions ont été déjà versées au Chef de l’Etat. Le cas des licenciements abusifs aussi a été soulevé.

Il faut souligner que le message de paix, de pardon et de réconciliation dont la Présidente du HCRRUN et ses collaborateurs ont été les porte-paroles, a été difficilement accepté par les populations de Bè, même si le Contre-amiral ADEGNON, natif du milieu a rassuré les siens en ces termes: «Faire en sorte que le message ne soit pas altéré, mais puisse être véhiculé».

Pour terminer, il rappelle les craintes des victimes face à la justice transitionnelle telle que pilotée par le HCRRUN et qui ne leur n’inspire pas confiance: «Tout compte fait la Présidente du HCRRUN réitère l’engagement du Président Faure Gnassingbé à tourner la page sombre de l’histoire du Togo: «Le jour où le Président Faure a reconnu les bêtises de l’Etat, il est lié », a-t-elle martelé.

La question qu’il sied de poser est celle-ci: « Peut-on se passer de la justice transitionnelle ?». Cependant, cette réconciliation tant souhaitée par les Togolais peut-elle être une réalité avec la continuité du pouvoir ? Deux questions sur lesquelles la réflexion doit être faite.

Néanmoins, cette confidence d’Awa NANA DABOYA aux habitants de Bè rassure en ces termes : «Faure GNASSINGBE m’a dit qu’il ne sera pas éternel». Encore faudrait-il que ce dernier inscrit dans son agenda qu’un jour il quittera le pouvoir.

En tout cas, notons quand même que l’étape de Bè dans le cadre de sa tournée régionale d’informations et d’échanges a démontré toute la difficulté à laquelle est confronté le HCRRUN. Espérons que dans les jours à venir les cœurs meurtris seront apaisés et que les Togolais soient réconciliés avec eux-mêmes, pour que l’esprit de vivre ensemble les envoûte.

Angelo G. ... suite de l'article sur Autre presse

Commentaires