Lomé, la capitale togolaise et ses quartiers périphériques, sont souvent la cible des braquages de tout genre. Un phénomène qui prend des proportions inquiétantes et qui s’accentue notamment en période des fêtes de fin d’année. Ainsi, l’on assiste à des séries de meurtres à sang froid par des individus indélicats, prêts à tout pour cambrioler de l’argent ou s’emparer des biens d’autrui. Et ces derniers usent de tous les moyens pour arriver à leurs fins. Ces opérations sont souvent soldées par la découverte des corps sans vie d’hommes, de femmes ou d’enfants.
En vue de trouver des réponses à nos multiples interrogations, nous avons réalisé une enquête portant un échantillon de cent Togolais de toutes catégories socioprofessionnelles. Des réponses recueillies auprès des enquêtés, d’aucuns soutiennent que les victimes sont la plupart des voleurs, d’autres des innocents de passage et d’autres encore des accidentés naturels.
Face à la recrudescence de ces actes odieux, l’on s’interroge sur l’origine des corps retrouvés dans la capitale togolaise et ses périphéries. D’où proviennent-ils?
Avant d’y répondre, intéressons-nous d’abord au phénomène, très étrange et inhumain du point de vue des lieux et conditions dans lesquelles succombent les individus, parfois mutilés.
Comment peut-on, dans un pays si bien tourné vers l’émergence et le développement, retrouver, au soleil levant, des corps inanimés, dans la rue, ou dans des habitations?
La plupart du temps, les auteurs de braquage se font amocher par la population en cas de flagrant délit. C’est le cas de l’un de deux braqueurs ayant arraché une mallette contenant 17 millions de franc CFA à un homme revenant de sa banque, dans le quartier Agoè 2 Lions (banlieue nord-ouest de Lomé), le 05 décembre dernier. Ce voleur avait reçu plusieurs coups de pierres qui se sont révélés fatals pour lui, tandis que son second aurait disparu dans un bassin de rétention d’eau, situé non loin dudit carrefour. Dans ce cas d’espèce, tout le monde sait ce qui s’est réellement passé et le sort réservé à ce malfrat. Et la police s’occupe du cadavre.
Qu’en est-il des corps inanimés que l’on retrouve au beau petit matin?
Ce phénomène est plus récurrent dans les banlieues ou zones reculées, mais parfois aussi en pleine agglomération. Au quartier Amoutiévé, à proximité du marché, un beau matin en 2015, un jeune homme avait été retrouvé dans une flaque d’eau avec un couteau en plein dans le ventre. Et pourtant, la veille, aucun soupçon, aucune embrouille qui aurait présagé un tel drame.
La population environnante a parlé d’ « affaire de gangs » mal tournée. Pour d’autres, la victime était au mauvais endroit au mauvais moment.
L’autre forme de découverte macabre, c’est que les victimes sont assassinées dans leur domicile suite aux tortures. C’est le cas de figure d’un octogénaire, expatrié Français, vivant dans le quartier Totsi Gblinkomé, retrouvé mort, dans des conditions affreuses, en août 2016.
C’était un mercredi matin que ce dernier a été retrouvé, ligoté et pagne noué au coup, après avoir subi des séances de tortures, sans aucun doute. On a remarque sur les lieux, une ceinture, qui aurait servi à le fouetter et un câble de rallonge, qui aurait servi à l’électrocuter. Ce crime n’a jamais connu de motifs, ni d’auteurs.
Rappelons aussi le cas du corps sans vie d’un gérant de cafétéria, retrouvé dans sa baraque, toujours en septembre de l’année 2016. Du nom de Shamma, cet homme avait été porté disparu trois jours plus tôt. C’est dans son petit store de cafétéria, aux alentours de Totsi-Limousine qu’on le retrouve mort. L’odeur du corps en décomposition avancée a dû alerter les passants. Le corps est immédiatement mis en terre. De nationalité guinéenne, personne ne saura jamais comment ce gérant s’est retrouvé dans l’au-delà, et de surcroît sur son lieu de travail.
De même, le 11 janvier 2013, le corps d’un certain cordonnier, Ibrahim Zachari, avait été retrouvé chez lui, à Kangnikopé, localité située à une dizaine de kilomètres au Sud-est de Lomé. Les exemples sont variés et divers.
Que ce soit, l’homme sans vie, découpé et retrouvé sur les rails de Tokoin-Gbonvie le 26 août 2015, ou le corps sans vie de la jeune fille de 28 ans, découvert le 15 janvier 2016 dans un puits à Bé-Kpota, ou encore les deux enfants retrouvés morts dans le coffre d’une voiture en janvier 2016…, ces actes de crimes demeurent non lucidités faute de suspect, d’autopsie, de preuves, d’enquêtes approfondies, bref faute d’environnement de sécurité.
Une chose est certaine: ces actes ignobles à savoir braquages, vols à main armée, assassinats et crimes poignants dans la communauté togolaise, rendent l’environnement dénué de toute sécurité.
Les enquêtes: pourquoi ne révèlent-elles pas des coupables qui sont sanctionnés? Les autorités ne disposent-ils pas de moyens adéquats pour faire face à ces cas? La population n’est-elle pas assez prudente?
Nombreuses sont les questions qui restent sans réponses et les dispositions à prendre pour éviter d’éventuels massacres humains. Cependant, il faut noter que la « police de proximité », initiée par le ministère de la Sécurité et de la Protection civile est à pied d’œuvre et fait des exploits.
Le groupe d’intervention rapide de la police nationale (GIPN) a neutralisé le 12 janvier 2016 un groupe de braqueurs munis de fusils d’assaut de type AK47 dans les environs de Noepé (située sur la route de Kpalimé). Les quatre individus ont été abattus. L’alerte sur présence de ce groupe avait été donnée par les habitants.
Deux malfrats ont également été abattus par la police à la frontière Togo-Ghana, dans la nuit du 28 au 29 décembre dernier, suite à une patrouille policière dans la zone. Armés de machettes, ces deux braqueurs tentaient de braquer des commerçants.
Il faut noter par ailleurs que le phénomène de la vindicte populaire prend une allure inquiétante dans la société. Un acte puni par la loi auquel se livrent certains concitoyens qui n’éprouvent aucune pitié ni de remords pour lyncher un individu et ensuite le brûler vif.
Dans la foulée, les réseaux sociaux jouent également un sale rôle dans cette affaire. Beaucoup d’internautes Togolais prennent le plaisir d’importer de l’extérieur des photos qui heurtent la sensibilité et les diffusent sur l’internet tout en soutenant qu’elles sont prises sur le territoire togolais. Une situation qui en rajoute une couche et qui crée parfois de la psychose au sein de la population.
David Baini ( Togo )
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