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Tribune/Efficacité de l’aide au développement: Des milliards décaissés pour des pauvres qui ne voient que des miettes
Publié le lundi 5 juin 2017  |  Societe civile Media


© aLome.com par Parfait
Echange de document entre AYASSOR et la Chef de délégation allemande Von BODDIEN.


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Président de l’Union Africaine des ONG de Développement (UOAD), Satigui Koné aborde, dans cette tribune, un sujet très important, ou mieux un problème majeur auquel est confronté l’Afrique: celui de l’impact réel des aides des partenaires au développement sur les populations auxquelles elles sont destinées. Tout en estimant que ces aides ont très peu de répercussions sur leurs bénéficiaires, le président de l’UOAD prône une autre approche en ce qui concerne l’utilisation de ces milliards décaissés par les pays donateurs. Lecture !

Je ne souhaite pas m’engluer dans les débats déjà menés avec succès par les fournisseurs de Coopération pour le développement depuis Rome en 2003, Paris en 2005, Accra en 2008 et Busan en 2011. Je vais, juste, me limiter à exprimer, ce que les femmes, les jeunes filles, les jeunes africains et les personnes vulnérables me confient dans la moiteur de la nuit lorsqu’au cours de mes visites sur le terrain, je leur accorde l’attention qui leur permet de (me) parler à cœur ouvert.

LE PROBLEME EST L’UTILISATION DES RESSOURCES ET NON LA QUANTITE

Les ressources investies dans l’aide au développement peuvent être diversement appréciées. Mais, les sommes affectées à l’appui aux pays en développement ne sont pas insignifiantes eu égard aux difficultés auxquelles font face les pays donateurs. La France, à travers l’Agence Française de Développement, engage plus de 9 milliards d’Euros (soit près de 6.000 milliards de FCFA) par an et dont la moitié est destinée à l’Afrique !

L’Allemagne, l’Angleterre, les Etats Unis, le Japon et la Chine ne sont pas en reste. Selon, l’économiste Dambisa Moyo, experte Zambienne, l’Afrique aurait reçu plus de 1000 milliards de dollars américain d’aide depuis la fin de la Guerre.

Les chiffres sont faramineux et l’impact modique ! Il n’est donc pas questions de chiffres ! Le service qui accompagne l’aide est éminemment budgétivore ! Les consultants, les bureaux à tomber à la renverse, les défilés de véhicules 4X4, les salaires princiers et une kyrielle de séminaires et de colloques pour quoi ? Aider des femmes d’une région déshéritée à sarcler des champs de cultures vivrières où elles ont juste besoin d’un peu de semences et d’engrais ?

L’Afrique, pour ce qui concerne ses populations, a effectivement besoin que l’on lui donne un coup de main pour démarrer. Je l’ai bien compris lorsque j’ai rencontré une centaine de femmes paysannes, accrochées à leur courage, dans la localité de Siglé au Burkina Faso. Elles ont une ferme d’élevage de poules. Elles ont juste besoin de moto-charrettes et d’un point d’eau pour être définitivement autonomes !

Je l’ai aussi compris en Guinée où, des jeunes filles, agricultrices, ont le cœur à l’ouvrage et luttent pour obtenir un peu de semences et d’engrais. J’ai été aussi fasciné à Magara, dans la province de Rumongé au Burundi, par la détermination des populations de pêcheurs dont les pirogues, faites à la main, n’ont besoin que de moteurs qui coûtent un peu plus de 1,5 millions de francs burundais l’unité, soit moins de 462 Euros ! Et cela permettrait de mettre toute une famille, de plus de 10 membres, à l’abri de l’extrême pauvreté.

DES MILLIARDS DANS LE REBOISEMENT MAIS LE DESERT GAGNE DU TERRAIN

L’aide au développement servirait à booster l’Afrique – qui, disons-le, doit pouvoir sortir de la situation de main tendue- si elle était utilisée vraiment pour solutionner les problèmes réels qui sont les priorités effectives des populations vulnérables. Pourquoi l’aide au développement ne servirait-elle pas à financer directement l’appui à la paysannerie ? Pourquoi le développement de l’agriculture vivrière qui lutte contre la famine et la malnutrition ne serait pas, au moins, une des premières priorités.

L’élevage, l’apiculture, la pisciculture font partie des vrais besoins des populations et l’impact sur l’amélioration des conditions de vie est assuré. Mais, les colloques et séminaires, les campagnes et autres cérémonies dans les grandes salles ou sous les bâches prennent le pas sur les priorités des populations. Les actions qui n’ont vraiment pas d’impacts positifs sur l’extrême pauvreté et qui tendent plutôt à assurer la pérennité de la misère des populations et donc de l’aide, sont plus fréquentes que l’appui réel aux cibles.

A titre d’exemples, l’on a englouti des centaines de milliards pour communiquer sur le reboisement et la lutte contre l’avancée du désert. Plusieurs années après, en Côte d’Ivoire, par exemple, le bilan est sans appel : Le pays a perdu 87,5% de son couvert forestier !

Des centaines de millions d’Euros sont utilisés pour la « lutte contre les mutilations génitales féminines ». Une bonne intention que nous soutenons du reste ! Mais, une étude conduite du 11 au 25 janvier 2016 dans 33 villages par la Fédération des ONG de Développement de Côte d’Ivoire fournit des données qui contrarient les discours en vogue.

L’enquête anonyme a concerné 670 personnes dont 198 hommes et 472 femmes et révèle que 7,6% des personnes interrogées pensent que les mutilations génitales féminines sont une recommandation religieuse. 18% croient qu’il s’agit d’une tradition ancestrale et 74,4% estiment que la raison est purement économique !

Sur cette base, la question des mutilations génitales féminines pourrait être solutionnée à plus de 70% en soutenant des activités génératrices de revenus dans les villages et campements du pays où persiste le phénomène. Des lois ont été votées, qu’il faut saluer. Mais, les coups de publicité et autres cérémonies de grandes salles ont vécu. Et les jeunes filles, par millions, continuent de subir cette extrême violence dans de nombreux pays d’Afrique comme par devant.

L’efficacité de l’aide au développement sera effective quand les charges des consultants, sous couvert d’ONG internationales, seront réduites pour laisser la place aux vrais acteurs de terrains et aux populations vulnérables qui devraient en être, avant tout, les premiers bénéficiaires.

Dans certains pays, des autorités qui reçoivent l’aide et qui devraient la faire parvenir aux vrais bénéficiaires montent, à la sauvette, des ONG qui fonctionnent plus comme des clubs de soutien politiques sous le regard médusé des acteurs sociaux impartiaux d’appui aux populations. Les populations vulnérables sont donc le prétexte pour mobiliser des ressources que le contribuable des pays donateurs met sur la table et qui finissent dans des poches loin des cibles effectives.

Satigui Koné

Président de l’UAOD

+225 09242453

Konesatigui@yahoo.fr
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