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Komlavi Kondo : « si elles ne prennent pas au sérieux l’appel que nous lançons, ils nous trouverons sur leur chemin »
Publié le jeudi 9 janvier 2014  |  AfreePress


© Autre presse
Komlavi Kondo, président du Mouvement pour l’Epanouissement de l’Etudiant Togolais (MEET)


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Togo -
Le Mouvement pour l’Epanouissement de l’Etudiant Togolais (MEET) ne déroge pas à la tradition de présentation de vœux.

Après avoir souhaité ses vœux de santé à toute la communauté estudiantine, le président du mouvement, Komlavi Kondo a rappelé que les étudiants ont soumis aux autorités universitaires des doléances depuis le 19 décembre dernier.

La couleur de cette année académique dépend de la satisfaction par les autorités de ces doléances, a-t-il indiqué dans une interview exclusive accordée à l’Agence Afreepress.
« Nous interpellons les autorités, de tout faire pour maintenir les conditions actuelles afin que nous puissions terminer l’année universitaire en toute beauté. Mais si elles ne prennent pas au sérieux l’appel que nous lançons, ils nous trouverons sur leur chemin ».

M. Kondo cite entre autres, la programmation des unités d’enseignement fondamentales comme convenu dans l’accord de 2011, le maintien des conditions de bourse et d’allocation et la mise à la disponibilité des étudiants d’autres bus en remplacement des anciens qui « ne répondent plus efficacement ».

Selon le président du MEET, le gouvernement a les moyens de réaliser les doléances posées par les étudiants.
Lire l’intégralité de l’interview

Afreepress.info : Bonjour monsieur Kondo Komlavi, vous êtes le président du Mouvement pour l’Epanouissement de l’Etudiant Togolais (MEET). A la fin de l’année 2013, plusieurs étudiants ont relevé le fait qu’ils ne peuvent pas s’inscrire, vu que le délai du 31 décembre fixé par la présidence de l’université est trop court. Où en est-on aujourd’hui ?

Komlanvi Kondo : Avant de répondre à cette question, permettez moi de souhaiter mes meilleurs vœux de santé à toute la communauté estudiantine et à vous les journalistes qui ne cessez de nous aider. Effectivement, les inscriptions étaient clôturées le 31 décembre 2013 passé. Mais le 30 décembre dernier, nous avons adressé un courrier à la présidence de l’Université, lui demandant un report ou un prolongement des inscriptions jusqu’à la fin du mois de janvier. Le lundi dernier, à la reprise de cette nouvelle année, nous avons appelé le président, il nous a donné des explications et ce matin, nous étions à la Présidence de l’Université pour discuter avec lui. Et Dieu merci, le Président a fait un pas important en accordant un prolongement de 10 jours allant du 14 au 24 janvier 2014 pour permettre à ces étudiants retardataires de pouvoir s’inscrire pour continuer normalement les cours.

Ces étudiants ont donc intérêt à s’inscrire effectivement. Je prendrai sur moi la responsabilité de passer d’amphi en amphi pour rappeler à ces retardataires de tout faire pour pouvoir s’inscrire dans ce délai puisque nous n’avons pas que cette revendication à faire.

Afreepress.info : Quelle sera la couleur de l’année académique 2013-2014 ?

Komlanvi Kondo : Paisible, je dirai premièrement oui et ensuite aussi je peux dire non. Oui, parce que l’année sera paisible si nous avons une satisfaction par rapport aux doléances que nous avons déposées lors de l’assemblée générale du 19 décembre dernier. Non, parce qu’il y aura des difficultés si on ne trouve pas satisfaction à ces problèmes.

Afreepress.info: A partir du moment où la présidence de l’université a accordé aux étudiants « retardataires » un délai supplémentaire pour l’inscription, peut-on s’attendre à une année normale ?

Komlanvi Kondo : Nous sommes entrain de travailler pour que l’année soit effectivement normale comme vous le dites. Mais le problème est que, depuis que nous avons déposé le rapport de l’Assemblée générale au ministère et à la Présidence de l’Université, ils ne nous ont pas appelés pour nous dire s’ils acceptent donner satisfaction à ces problèmes ou pas. S’il y a satisfaction, nous on restera calmes parce que nous ne sommes pas à l’Université pour manifester pour le plaisir de manifester et d’attirer leur attention à résoudre nos problèmes. Ils connaissent très bien les problèmes qui gangrènent nos Universités. Ils ont intérêt à œuvrer dans l’apaisement pour trouver des solutions à ces problèmes à savoir : les critères d’allocation et de bourses, puisqu’au cours de l’accord du 13 janvier 2012, on avait fixé des critères et l’année passé, le Ministère et la commission des bourses et stages ont essayé de changer un tout petit peu cet aspect de la chose en matière de crédit et cela a amené les grabuges que nous avons connus au mois de mai passé.
Nous au MEET, on ne s’inscrit plus dans cette logique parce qu’on s’était bien convenu que les critères seront revus soit à la hausse soit à la baisse au cours de chaque année. C’est pourquoi l’année passée quand ils ont haussé les critères, on s’était tu. Mais cette année, au lieu de réfléchir que cela a apporté des problèmes, soit on s’arrête comme cela ou soit on diminue pour que la majorité des étudiants puissent être bénéficiaires, ils ne le font pas et curieusement, ils veulent encore augmenter les crédits de 20 à 28. Nous avons adressé un courrier au Ministre, l’interpellant que pour l’accalmie de l’Université, il faille qu’ils maintiennent les crédits puisque 20 crédits sur 60 c’est-à-dire 1/3, c’est bon pour le fait que c’est l’allocation de secours. Et si on augmente ça chaque année, où est donc le secours ?

Ce qui est surprenant, au Togo, depuis que nous avons commencé les études, il faut avoir 12 de moyenne pour être boursier mais cette année, la commission nous propose 14 de moyenne au BAC, ce qui n’est pas juste. L’âge fixé, c’était 27 ans pour les nouveaux bacheliers. L’année passée ils sont revenus à 26 ans et cette année ils sont dans la logique de 25 ans ce qui n’est toujours pas juste. Ils sont entrain de créer des frustrations, ce qui fera que l’Université ne pourra pas fonctionner dans le calme et la sérénité.

Nous interpellons les autorités, de tout faire pour maintenir les conditions actuelles afin que nous puissions terminer l’année universitaire en toute beauté. Mais si elles ne prennent pas au sérieux l’appel que nous lançons, ils nous trouverons sur leur chemin.

Afreepress.info : Quelle est la position des autres mouvements sur le campus ? Etes-vous dans une démarche commune ?

Komlanvi Kondo : Vous savez, il y a plusieurs associations et chacun travaille à sa manière, mieux, chacun sait où il va. Mais en tant que principal mouvement, nous savons que nous devons travailler pour que la majorité soit aussi satisfaite. Nous nous savons que les 20 crédits, c’est raisonnable puisque nous ne pouvons pas cultiver la médiocrité, nous ne sommes pas là pour poursuivre les bourses parce qu’aucun entrepreneur ne nous demandera si nous étions boursier ou non mais il demandera quelle était notre moyenne.

J’ai appris que certains camarades réclament encore les 12 crédits que nous avions fixés dès le départ. Aujourd’hui, les 12 crédits sont dépassés, ce n’est pas une question de corruption mais il faut être raisonnable dans nos propos c’est pour cela que nous n’allons pas nous attarder sur les 12 crédits mais nous demandons à l’autorité de maintenir les conditions actuelles à l’état initial pour l’avantage de tous. Nous allons expliquer aux étudiants le bien fondé des 20 crédits. Mais nous n’accepterons aucune augmentation

Afreepress.info : Aujourd’hui, que propose concrètement le MEET?

Komlanvi Kondo : Les propositions du MEET sont immenses. Nous avons déjà commencé et pour éviter le danger ces jours-ci, l’autorité a compris et a prolongé le délai des inscriptions, c’est un pas et nous les félicitons pour ça.
La deuxième préoccupation du MEET, c’est la reprogrammation des Unités d’Enseignement (UE) fondamentales. Cela ne se fait pas comme nous l’avons signé dans les départements et nous appelons donc nos professeurs à faire un effort pour respecter cette condition pour nous, c’est très capital.

La troisième chose, c’est les conditions de bourses et d’allocation. Nous disons que les 20 crédits c’est raisonnable et que l’autorité n’a plus à faire du n’importe quoi sur ces choses et elles doivent revoir les conditions d’âge pour les nouveaux bacheliers parce que avoir le BAC n’est pas une chose aisée au Togo, donc nous devons encourager les jeunes frères à aller de l’avant.

L’autre préoccupation est le problème de bus. Nous avions demandé et reçu des bus dans les années 2010 et 2011 mais aujourd’hui l’autorité doit comprendre que ces bus ne répondent plus efficacement. Il y a des zones comme Attiégou que les camarades rallient avec difficulté. La proposition de négocier avec SOTRAL qui ramènerait les Etudiants tarde à venir. Voilà les points sur lesquels si nous trouvons satisfaction, nous évoluerons avec beaucoup de sérénité. Mais au cas où l’autorité commet l’erreur de ne pas répondre favorablement à nos doléances, nous serons obligés d’entreprendre des actions d’envergure.

Afreepress.info : Vous dites que vous êtes le principal mouvement sur le campus or il y a quelques années, un de vos leaders avait trahi la confiance des étudiants. Aujourd’hui, à en croire les informations, votre mouvement n’est pas en odeur de sainteté avec une multitude d’étudiants.

Komlanvi Kondo : Nous sommes toujours le principal mouvement puisque Adou Seibou à lui seul ne fait pas le MEET qui est toute une machine. Quand quelqu’un part, il y a un autre qui arrive. Vous savez, il y a une chose qu’il faut comprendre dans le cas d’Adou Seibou. En étant au MEET, on n’est pas forcément d’un parti politique de l’opposition. Le MEET n’est pas un parti politique, c’est un syndicat regroupant des étudiants ayant des convictions politiques différentes. En dehors de l’Université, on est libre d’afficher sa conviction politique. Adou Seibou, avec tout ce qu’il a fait à la tête du MEET, Dieu merci d’ailleurs qu’il a quitté avant d’afficher sa conviction politique, c’est son choix et nous on respecte. Mais la question reste de savoir si ce choix ira à son avantage, vu son parcours à la tête du MEET, et c’est à lui de donner une réponse à cette question. Je m’inscris en faux contre ceux qui pensent que le MEET comme affilié au parti au pouvoir puisque c’est un faux problème.

Afreepress.info: Le MEET s’inscrit-il dans une logique de dialogue permanent avec les autorités pour garantir une année sereine sur le campus ?

Komlanvi Kondo : Je viens de dire que ce n’est pas un plaisir pour nous de manifester en tout temps pour attirer l’attention des autorités. La méthode du MEET, c’est mettre ma pression et de dialoguer. Avant de nous voir dans les rues, il faut comprendre que c’est parce que les négociations n’ont pas trouvé d’aboutissement. Notre moyen privilégié, c’est le dialogue mais des dialogues accompagnés de propositions concrètes. C’est quand l’autorité nous rouble que nous descendons dans les rues.

Afreepress.info: Le gouvernement pose souvent le problème des moyens limités de l’Etat pour faire face à d’autres revendications. Ne trouvez-vous pas qu’il faille aller dans ce sens ?

Komlanvi Kondo : Ce que nous demandons n’est pas extraordinaire. Nous demandons juste le minimum possible et tout gouvernement a l’obligation de répondre à ses devoirs. Nous ne demandons pas de l’extraordinaire mais ce qui est convenable.

Afreepress.info : D’aucuns disent que les étudiants ont transformé le campus en lieu d’assemblée générale, au point d’en faire un lieu de confrontation entre eux et les forces de l’ordre.

Komlanvi Kondo : C’est des suppositions, aucun étudiant togolais ne peut venir au campus juste pour des AG d’autant plus que nous ne faisons pas les Assemblées tous les jours et nos Assemblées ne se soldent toujours pas par des mouvements. La preuve, en décembre dernier, nous avions fait une Assemblée Générale qui s’était terminée en toute beauté. C’est lorsqu’il y a urgence que nous manifestons. L’étudiant aujourd’hui sait qu’il a besoin de diplômes pour aller chercher ailleurs. Le gouvernement de façon impérieuse doit aider chaque citoyen à avoir une éducation digne de ce nom et nous sommes là pour le lui rappeler chaque fois qu’il fait semblant d’oublier.

Afreepress.info : Il y a quelques mois, le gouvernement a organisé le conseil supérieur des universités présidé par le chef de l’Etat lui-même. Ce conseil s’est soldé par des recommandations. Inscrivez-vous dans la logique de cette modernisation de l’enseignement supérieur au Togo ? Comment entendez-vous accompagner ce processus ?

Komlanvi Kondo: Nous avons toujours souhaité que nos universités soient modernisées pour répondre aux critères actuels. Nous sommes passés du système classique au système LMD. Les conditions d’hier ne sont plus adaptées à ce nouveau système. Nous l’avons crié haut et fort et c’est maintenant qu’ils ont compris qu’il faut repenser les Universités. La question est de savoir s’ils feront un bon usage de tout ce qui a été décidé. Nous attendons le document final pour le parcourir afin de donner notre appréciation.

Propos recueillis par Telli K

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