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Célébration de la journée de l’arbre :Au-delà des discours/Les Autorités interpellées pour parer aux vraies menaces contre la déforestation et les changements climatiques
Publié le lundi 12 juin 2017  |  Le Combat du Peuple


© aLome.com par Edem Gadegbeku & Parfait
Panel des Side Events consacré à la "Protection de l`environnement et des ressources marines"
Lomé, le 12 octobre 2016. Site des Side Events, en prélude au Sommet du 15 octobre. Panel numéro 4 dans une série de 10, présenté par Adoté Blim Blivi (Chef et coordinateur du Centre de gestion intégrée du littoral et de l`environnement au Togo). On notait aussi la présence des ministres Noupokou Damipi et d`André Johnson du Togo.


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Le 1er juin dernier, notre pays a célébré la journée de l’arbre instituée depuis 1977. L’édition de cette année n’est pas passée inaperçue parce qu’elle est la quarantième du genre. Et pour marquer l’événement, le Ministre de l’Environnement et des Ressources forestières, M. André JOHNSON a animé, à son cabinet, une conférence de presse suivie d’un message à la nation, pour faire le bilan des actions du gouvernement en vue d’améliorer le couvert forestier et végétal au Togo.

Dans son allocution, M. André JOHNSON a relevé le fait qu’à travers la commémoration annuelle de cette journée, l’objectif des autorités togolaises est atteindre un résultat concret. Il s’agit de voir, dans un avenir proche, un Togo « vert » avec une meilleure couverture forestière et un potentiel ligneux important, à l’instar d’autres pays de la sous-région.


C’est pour cela qu’il n’a pas hésité à reconnaître que malgré les efforts, après 40 ans de célébration, les résultats sont mitigés et n’ont été que partiellement atteints. Selon le Ministre en charge de l’environnement, le taux de reboisement annuel, qui était de 1000 ha dans les années 80, est passé à 2000 ha en 2010 témoignant de la volonté politique et de l’engouement des populations pour cette activité bienfaitrice pour l’environnement. En dépit des atouts dont dispose le Togo pour le développement de la forêt, tous ces résultats, quoi qu’encourageants, restent bien en deçà des ambitions nationales de reboiser au moins 5000 ha par an.

«A ce jour, a-ajouté le Ministre, bien que le rythme de reboisement soit d’environ 4.000 ha chaque année, le Togo enregistre malheureusement un recul de son couvert forestier. Or, la faiblesse du reboisement conjuguée à la déforestation, a des impacts négatifs considérables sur notre cadre de vie et surtout pour les populations rurales qui dépendent fortement des ressources forestières ligneuses et non ligneuses.

Environ 50.000 ha ont été plantés depuis 1977 à ce jour, en majorité en teck, eucalyptus, cassia, kayah, sous forme de plantations étatiques, privées, communautaires et scolaires ». C’est pourquoi le Gouvernement en appelle, une fois encore, à l’engagement des partenaires techniques et financiers, les acteurs privés et publics, les organisations de la société civile et de la communauté à la base pour la reconstitution du couvert forestier national.

La réduction des pressions humaines sur les ressources forestières, la conservation et la valorisation de la diversité biologique, la gestion des feux de végétation, la formation et la sensibilisation des pépiniéristes sur la nécessité de vulgariser les espèces forestières et agro-forestières résistantes aux changements climatiques sont, entre autres, les principales actions engagées par l’Etat, pendant des décennies, en vue améliorer le développement forestier.

M.Johnson a ajouté que le Programme National de Reboisement (PNR) piloté par le ministère dont il a la charge, envisage l’extension de la couverture à 30% du territoire d’ici à l’horizon 2050 et l’augmentation de la productivité des forêts existantes.

Parallèlement à cette sortie médiatique du Ministre de l’Environnement et des Ressources forestières, le Mouvement Martin Luther King (MMLK) a rendu public un communiqué pour lancer un appel à la promotion de l’utilisation par les ménages du gaz butane.

Pour le mouvement, « La journée a perdu son sens et se limite à des actions médiatiques de quelques autorités administratives et politiques que l’on nous montre en train de planter quelques arbres. Alors que la grande masse, majoritaire, est restée en marge de cette journée compromettant les objectifs initiaux du promoteur du 1er juin… Il y a lieu donc que les besoins en bois de chauffe et du charbon de bois soient assurés par l’usage du gaz butane sur toute l’étendue du territoire mais le prix n’est pas à la portée de toutes les bourses. »

Pour notre part, nous disons que le Togo s’est toujours présenté, aux yeux des autres nations, comme un pays luttant acharnement pour la préservation de l’environnement. En témoigne le décret n° 2011- 003/PR fixant les modalités de gestion des déchets et emballages plastiques que le Gouvernement togolais a signé le 05 Janvier 2011, assorti d’un moratoire de 06 mois aux importateurs et 09 mois aux producteurs.

A ce jour, il est incompréhensible voire regrettable de constater que plusieurs années après la signature de ce décret interdisant la production, l’importation, la distribution et la commercialisation de ces sachets et emballages plastiques non biodégradables, rien n’a évolué pour faire changer les mauvaises habitudes.

Dans le même registre de la préservation de l’environnement, le Togo est allé jusqu’à inciter les autres pays à l’action dans cette lutte. On se souvient qu’en marge de la COP 21 à Paris en décembre 2015, le Président Faure GNASSINGBE, dans son allocution, a fait allusion à la nécessité d’actions d’envergure après les discours, en ce qui concerne la réduction des effets du réchauffement de la planète. Il est donc étonnant qu’on peine à voir des actions tangibles attestant de cet engagement.

Loin de nous l’idée de jeter l’opprobre sur les actions du Gouvernement en matière de préservation de l’espace végétal mais force est de reconnaître que si le Président de la République lui-même est conscient qu’il faut aller au-delà des simples mots pour marquer son engagement, avec des actions concrètes, il est cependant curieux de constater que le gaz butane, par exemple, continue de coûter si cher aux ménages togolais alors qu’un prix accessible aurait eu le mérite de contribuer à l’abandon progressif de l’utilisation du bois et, par ricochet, au recul du déboisement, l’une des causes majeures du réchauffement climatique.

Dès lors, un constat s’impose : pourquoi au Togo où les revenus ne sont pas connus pour être enviables, le gaz butane censé contribuer à limiter l’usage du bois coûte-t-il si cher ? N’est-ce pas une manière tacite – consciente ou inconsciente – d’inciter les populations à continuer à recourir au bois?

En tout état de cause, il est clair que la majorité de la population togolaise, plus de 80%, n’a pas accès aux combustibles modernes de cuisson. Elle utilise essentiellement la biomasse traditionnelle (charbon de bois et fagot de bois) pour les besoins de cuisson et de chauffage. Le taux d’accès des ménages au gaz butane est insignifiant au plan national. Les véritables données ne sont pas disponibles mais tout porte à croire que le taux de couverture en matière d’électrification présente des fortes disparités entre les milieux urbain et rural. En effet, plus de la moitié de la population urbaine bénéficie de l’électricité alors qu’une infime partie seulement de la population rurale est électrifiée.

À l’heure où le monde entier se mobilise pour venir à bout de l’épineux problème qu’est le réchauffement climatique, chacun devrait jouer au mieux sa partition. Les populations togolaises semblent l’avoir compris en optant pour l’utilisation du gaz butane. Ce qui leur permet de facto de réduire leur dépendance vis-à-vis du bois et des produits qui en sont dérivés.

Il est déplorable que le Gouvernement n’accompagne pas cette politique d’utilisation de l’énergie fossile et toute autre forme d’énergie renouvelable au détriment de la biomasse. Nous avons assisté, à plusieurs reprises, à la sortie des associations de défense des droits des consommateurs qui sont montées au créneau pour interpeller le Gouvernement sur la nécessité de revoir à la baisse les prix du gaz. Mais rien n’y fit.

Ainsi, au moment où le Ministre de l’environnement dresse le bilan, il y a lieu de s’interroger sur la politique environnementale du Togo. Quels sont les efforts que font les Autorités togolaises en faveur de l’environnement ?

S’il existe des efforts ceux-ci sont annihilés par la cherté du gaz. La conséquence de cette cherté est évidente.

Au regard de ce qui précède, sur le plan politique, le Togo doit élaborer sa politique en matière d’énergies renouvelables et d’efficacité énergétique avec des objectifs pertinents clairs qui permettront d’augmenter le taux de pénétration des énergies renouvelables dans le prix énergétique et l’adoption des technologies performantes énergétiquement.

Il ne suffit pas seulement d’annoncer des projets fictifs censés contribuer à l’extension de la couverture à 30% du territoire d’ici à l’horizon 2050. Le Programme National de Reboisement (PNR) tant vantée par M. JOHNSON envisage-t-il l’augmentation de la productivité des forêts existantes ?

Par ailleurs, sur le plan institutionnel et humain, de nouvelles institutions en charge de la maitrise de l’énergie doivent être créées et les capacités des institutions existantes doivent être renforcées. Les ressources humaines qualifiées capables de prendre en charge les nouvelles technologies doivent être formées.

Dans le secteur de l’énergie, le partenariat public privé doit être renforcé dans le secteur et les tarifs d’achat préférentiel de l’électricité provenant des sources renouvelables doivent être instaurés. Nous préconisons, comme l’ont déjà fait d’autres pays, du point de vue technologique, des mesures fiscales prises pour permettre l’arrivée sur le marché togolais des équipements efficaces énergétiquement et des technologies d’énergies renouvelables de même que les mesures incitatives portant sur la détaxation des panneaux solaires par la loi.

A défaut de tout cela, ne nous étonnons pas si les populations, faute de moyens pour s’acquitter du gaz, continuent de couper les arbres pour satisfaire leurs besoins d’énergie. Ne nous étonnons pas non plus de voir des camions remorques chargés de plusieurs tonnes de bois de chauffe et de charbon de bois, en provenance de l’intérieur du pays vers Lomé. Dans ces conditions, il est permis de douter que le Togo s’est réellement engagé dans la lutte pour la préservation de l’environnement. N’en déplaisent aux dirigeants qui veulent faire croire le contraire.



Julles
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